KATHRYN KUHLMAN

Par Benny Hinn - Éditions VIDA


INTRODUCTION
 

"L'héritage que m'a laissé Kathryn Kuhlman, et l'impact qu'elle a exercé sur ma vie ont été primordiaux pour moi, comme pour d'innombrables personnes dans le monde. En 1973, j'étais un jeune immigrant israélien; à chaque rencontre à laquelle j'ai assisté, ou par ses émissions radio, elle m'a laissé des semences qui ont poussé dans mon cœur, et qui m'ont appelé au ministère d'évangéliste à mon tour".
 
En retraçant les 50 ans de ce ministère extraordinaire, l'auteur a pu ainsi pénétrer dans la vie spirituelle de la femme évangéliste la plus connue de tous les temps, malgré les combats et les luttes qu'elle a connus. Vous découvrirez ce qui peut arriver à quelqu'un d'ordinaire, mais totalement soumis à la personne du Saint-Esprit.


ENFANCE ET JEUNESSE (chapitre 3 du livre)
 
À Concordia, le village de ses 14 premières années, dans les collines ondulantes du Missouri, nous eûmes une conversation avec le maire, Willis Oglesby, fier de son village de 2 000 habitants, mais surtout connu à cause de Kathryn Kuhlman. Ses grands-parents venus d'Allemagne s'y établirent en 1853 sur une terre de 70 ha. Ce fut leur 7e enfant, Joseph, qui, en épousant Emma Walkenhorst, devint le père de Kathryn, le 9 mai 1907; elle fut leur 3e enfant. Petite fille espiègle, à 6 ans, elle voulut organiser une fête pour l'anniversaire de sa maman, et, faisant la tournée du village, elle dit aux voisines : "Lundi, venez toutes à la maison à 2 h. avec un gâteau!"... Pour sa maman, c'était le jour de lessive habituel, tous les lundis, quel que fût le temps ou la date... Quelle surprise quand toutes ces 30 dames endimanchées arrivèrent!... mais elle fut sévèrement punie pour cette audace. Pourtant, la jeune fille sympathique aux cheveux roux continua d'entraîner son monde dans bien d'autres aventures, au point qu'elle fut même renvoyée de l'école. Ceux qui se souviennent de cette époque racontent le côté expansif de sa personnalité, et elle dit elle-même : "Mes résultats scolaires n'étaient guère fameux, mais je savais rendre les gens heureux!" Et chaque fois qu'on donnait une fête à l'école, c'est elle qui s'occupait de tout, et qui organisait les divertissements.
 
Son père - qu'elle aimait intensément - Joe Kuhlman, sous ses dehors rudes d'un fort paysan, aimait à la tenir dans ses bras, tandis que sa mère était plus sévère et avait une discipline de fer. Kathryn vint à l'œcuménisme tout naturellement : elle fut élevée dans une communauté luthérienne, par un père baptiste et une mère méthodiste. Le père fréquentait peu les cultes (il détestait les pasteurs!) tandis que sa mère endimanchait ses enfants et allait tous les dimanches à l'église méthodiste. "Papa mettait les pieds à l'église seulement à Noël, pour m'écouter réciter le texte que j'avais préparé... la seule personne qui se trouvait là pour m'écouter, c'était papa!", disait-elle.
 
Plus d'une fois elle a raconté "le plus grand jour de ma vie" : - "J'étais debout, derrière maman, et les aiguilles de l'horloge de l'église marquaient midi moins cinq, au moment où l'assemblée chantait le dernier cantique; soudain je me mis à trembler si fort que je ne pouvais même plus tenir mon livre de chants... C'était le première fois que j'expérimentais la puissance de Dieu. Je m'assis et me mis à sangloter. Je compris que j'étais une pécheresse... la personne la plus minable de la Terre; j'avais 14 ans; ...je me levai discrètement et allai m'asseoir au 1er rang, dans un coin, où je pleurai toutes les larmes de mon corps... Un lourd fardeau venait de m'être enlevé... tout-à-coup, j'étais la personne la plus heureuse de la Terre : je venais de naître de nouveau! Le sang de Jésus-Christ le Fils de Dieu, m'avait lavée de tous mes péchés." Et pourtant, elle n'avait jamais vu quelqu'un se convertir dans cette église, et il n'y avait jamais eu là d'appels à la conversion, ou de prêche sur la nouvelle naissance! - "Le pasteur même ne s'est pas approché de moi, car il n'aurait su ni quoi faire, ni quoi dire!" Mais rentrée chez elle, elle avait l'impression de découvrir le monde pour la première fois, tout était plus beau, plus lumineux : "Mon corps était léger comme une plume et je savais pourquoi : Jésus était entré dans mon cœur... J'en étais sûre! C'était le commencement d'une nouvelle vie!"... et c'est ce qu'elle dit à son père en arrivant. Cinquante ans plus tard, revenant dans cette église, elle fut stupéfaite qu'elle fût si petite (une centaine de places)... "Rien n'avait changé, même pas les bancs, mais, oh combien moi, j'avais changé!", s'écria-t-elle. Elle choisit d'être membre de l'église baptiste de son père.


PREMIÈRES ARMES
 
Elle quitta son village à l'âge de 16 ans déjà. Au début de l'été 1924, sa sœur aînée Myrtle qui avait épousé Everett Parrott (un évangéliste), proposa à ses parents de l'emmener en tournée avec eux, "car elle pourrait leur être très utile". Réticents, ils acceptèrent finalement. Tout cet été, en effet, elle participa à la tournée, en agitant une cloche à travers les villes, installant les sièges, les feuilles de chants, et jouant au piano en duo avec sa sœur... et elle faisait la lessive le lundi pour tous! Mais sous le chapiteau, un intense bonheur l'animait lorsque son beau-frère lui demandait d'exposer sa conversion.
 
Un jour, elle se mit à sangloter : "Pourquoi n'y a-t-il pas plus de monde qui s'avance?... pourquoi ne trouvent-elles pas le salut?" Le Seigneur la préparait à annoncer autrement l'Évangile. Plus tard, elle déclara : "Vous pouvez dire ce que vous voudrez sur moi, que je n'ai pas le droit, en tant que femme, de monter en chaire et de prendre la parole. Cependant, même si le monde entier me le disait... l'appel que j'ai reçu pour le ministère est aussi précis que celui de ma conversion." Avant de finir son lycée, elle fut autorisée à entrer à l'Institut Biblique Simpson, à Seattle. Durant toutes ces années dans le nord-ouest, elle côtoya fréquemment Charles S. Price qui avait un puissant ministère de guérison; et un jour (elle avait 21 ans), elle prêcha pour la première fois, avec son amie Helen qui avait 4 ans de plus qu'elle, sur Zachée, que Dieu voyait parfaitement, même en haut de son arbre!


SON PREMIER MINISTÈRE
 
Puis dans l'Idaho elles parlèrent dans le vieil Opéra, s'annonçant comme les "Filles de Dieu". Elles attendaient que les fermiers finissent leurs journées et de traire leurs vaches, puis ils venaient les écouter dans la nuit. Au président de l'Église baptiste de la région un peu réticent, elle lui dit : "De toute façon, votre église est fermée. Vous n'avez rien à perdre, et peut-être même, quelque chose à gagner." Il ouvrit l'église et les laissa faire leurs réunions. Plus tard Kathryn dira : "Si demain je devais retourner dans ces petites églises... prêcher à une petite poignée de gens... je m'investirais tout autant, par amour pour ces personnes... j'aurais donné ma vie." Elles apportèrent ainsi la parole et chantèrent ensemble jusqu'en 1933, faisant de nombreux disciples du Seigneur.
 
Durant la crise de 1929, le chômage touchait 30 % de la population, des milliers de banques étaient fermées, et les habitants se trouvaient sans ressources. Il ne restait que 5 dollars à Kathryn pour louer une salle à Denver. Alors, elle prêcha dans un entrepôt vide. Le premier soir 125 personnes assistèrent à la réunion, le second elles étaient 400, puis les 500 places furent occupées, les autres restèrent debout à l'extérieur... Au fil des mois l'œuvre se développa considérablement, et toute la ville suivit ensuite les émissions radiophoniques populaires que Kathryn diffusait sous la rubrique : "Avec le sourire". Mais après 5 mois, elle dut s'arrêter au grand désarroi de ses nombreux amis. De plus, elle apprit que son père avait eu un accident de voiture. Il mourut de suite; et c'est le cœur brisé qu'elle assista à ses funérailles, car elle l'aimait beaucoup.
 
De retour à Denver, soutenue par l'amour fraternel, elle eut la joie d'apprendre qu'un ancien garage avait été acquis pour elle. Ce fut le "Tabernacle du Réveil" qui fut inauguré le 30 mai 1935. On pouvait lire dans le bulletin de l'église de Noël 1935 : "La particularité de l'œuvre est son caractère essentiellement non confessionnel. Miss Kuhlman s'est accrochée à l'idée que Dieu pouvait utiliser un grand centre évangélique, où tous seraient les bienvenus." Un soir elle prêchait (inhabituellement) sur la puissance du Saint-Esprit. À la fin, elle fit un appel, et une vague de gens se dirigea vers la salle de prière, derrière la chaire, soit une centaine de personnes. Pour la première fois, sa mère était venue l'écouter, mais elle ne s'était pas levée. Tout à coup la porte se rouvrit, et Kathryn vit sa mère entrer dans la salle de prière! Elle, tellement bien installée dans ses croyances que personne n'aurait jamais pu lui faire changer d'idées sur ses opinions spirituelles si contraires à la foi méthodiste... Elle s'agenouilla avec tous les autres. Quand sa fille s'approcha, elle lui dit : "Si je suis là, c'est que, ce soir, tu as prêché la vérité. Et je veux connaître Jésus, comme tu le connais." Kathryn imposa les mains à sa mère qui se mit à trembler de tous ses membres et à pleurer, puis à parler une merveilleuse langue inconnue; quelle gloire! Un moment plus tard, elle étreignait sa fille dans ses bras - ce qui n'était jamais arrivé - : "Elle prit mes deux mains dans les siennes et dit :- Kathryn, continue à prêcher! Afin que d'autres reçoivent ce que je viens de recevoir. - Pour la première fois, ma mère approuvait ce que je faisais!"


UN MARIAGE RATÉ
 
Tout au long des années, des dizaines de prédicateurs furent invités au Tabernacle du Réveil de Denver. L'un des préférés était Borroughs A. Waltrip qui avait construit dans l'Iowa un Centre évangélique, où Kathryn se rendit fréquemment pour prêcher. Elle s'éprit de lui et voulut l'épouser, bien qu'il fût marié et eût 2 enfants... Quel scandale : il divorça, et ils se marièrent. La congrégation de Denver la rejeta, et tous les fidèles dispersés se retrouvaient comme des brebis sans berger... Juste un an auparavant, prophétiquement, Kathryn avait dit au "Quatrième Jubilé Annuel" de son ministère à Denver : "Tôt ou tard, nous devons descendre dans cette vallée de peines, de souffrances, de ténèbres et de larmes. Un cœur qui n'a jamais connu la souffrance est rabougri... et cette existence ne peut vivre les accords de joie les plus profonds, sans avoir connu les profondeurs des plus grandes douleurs."
 
Elle reconnu vite sa grande erreur... Elle avait perdu toute sa joie, on ne la reconnaissait plus. Assise derrière son mari, elle pleurait sur l'estrade; et son message avait perdu toute sa force. Sept mois après, en mai 1939, la presse annonça que "Radio Chapel" était en faillite. Le couple devint évangélistes itinérants en Géorgie, Arizona et Pennsylvanie... La guerre éclata, tandis qu'elle livrait sa propre bataille intérieure.
 
Elle exprima sa douleur plus tard ainsi : "Personne ne connaîtra la douleur de la mort comme je l'ai connue. Car j'aimais cet homme plus que la vie, davantage même que Dieu à cette époque. Mais j'ai fini par lui annoncer qu'il fallait que je le quitte..." Seule, marchant dans une rue ombragée, elle raconte : "Le soleil passait à travers les branches... au bout de la rue, je vis un panneau : Voie sans Issue. Je ressentis comme un coup de poing au cœur. La douleur fut si grande qu'il m'est impossible de la décrire. Si vous imaginez qu'il est facile d'aller à la croix, c'est parce que vous n'y êtes jamais allé vous-même. Moi, je le sais, parce que j'y suis allée; et seule."
 
"Je devais faire un choix : servir l'homme que j'aimais, ou servir Dieu que j'aimais." Elle choisit Dieu. Et trois jours plus tard, elle prit un aller simple pour la petite ville de Franklin en Pennsylvanie, où on l'avait invitée à prêcher. Plus question de revenir en arrière. La vieille Kathryn était morte. Elle était redevenue une nouvelle personne touchée par la puissance du Saint-Esprit. À la première réunion, 38 personnes étaient présentes, puis 200, et bientôt le Tabernacle de l'Évangile, un grand bâtiment austère était rempli. Au lieu de 2 semaines, elle y resta 4 ans! Et elle mit au point un programme de radio quotidien "De Cœur à Cœur". C'était comme à Denver!


SON SECOND MINISTÈRE
 
Bien que croyant à la guérison divine (elle priait pour les malades) ce n'était pas sa spécialité. Un jour qu'elle parlait du Saint-Esprit, une femme se leva et dit : "Permettez-moi de vous dire ce qui s'est passé hier soir pendant que vous prêchiez : j'ai senti la puissance de Dieu couler en moi à travers mon corps. Je sus à l'instant que je venais d'être guérie, tellement que je suis allée chez mon médecin qui a confirmé la disparition de ma tumeur." Et le dimanche suivant un homme de 73 ans, borgne par accident, et presque aveugle, ressentit au milieu du message comme une brûlure à son oeil mort. Ses 2 yeux étaient guéris aussitôt, ce qui fut confirmé par son médecin! Kathryn précise qu'elle n'a jamais prié pour Georges Orr, et qu'elle ne l'a même pas touché; il était juste présent dans l'auditoire en cet après-midi de mai. Le ministère de guérison de Kathryn venait de débuter.
 
On lui demandait souvent de venir prêcher dans la ville de l'acier, Pittsbourgh, à forte dominante catholique. Elle loua le "Music Hall Carnegie" de 2 000 places. Dès le début, le bâtiment était plein, à toutes les rencontres, les gens restant dehors à faire la queue sous la chaleur torride de juillet. Que de miracles! Des goitres disparaissaient, des cœurs étaient guéris, des alcooliques délivrés instantanément... Kathryn disait : "Combien de fois ai-je senti l'envie de retirer mes chaussures, voyant que le sol sur lequel je me tenais était saint!... Mon esprit est si soumis à celui du Seigneur que je sais exactement quel corps reçoit la guérison, qu'il s'agisse d'une maladie, d'une affliction, ou, dans certains cas, du péché. Et pourtant, je ne saurais prétendre connaître le pourquoi et le comment de ces miracles."
 
Souvent des dizaines de personnes, pour lesquelles Kathryn priait, tombaient sous la puissance du Saint-Esprit, même au fond de la salle. Elle n'a jamais prétendu comprendre ce phénomène, elle disait : "Je sais seulement que je ne suis pas responsable de cette manifestation. L'une des questions que je ne manquerai pas de poser au Seigneur le jour où j'entrerai dans sa demeure de gloire, sera à propos de cette manifestation spirituelle. Car, je ne l'explique pas!" Elle aimait raconter une histoire qui s'est passée dans son bureau : "Je revenais juste de déjeuner, et 3 hommes vinrent à ma rencontre. Deux pasteurs connus de la ville, et un professeur de théologie réputé... qui voulait la rencontrer avant de quitter la ville... Il reçut notre littérature, visita notre studio radio, puis il dit : - J'enseigne la théologie, mais j'ignore beaucoup de choses concernant le Saint-Esprit, en particulier, pourquoi ces évanouissements?..."
 
"Oh! non dit Kathryn, ils ne s'évanouissent pas, ils tombent sous la puissance de Dieu... Il sourit poliment, et en prenant congé, il la regarda dans les yeux et lui dit : - Il se peut que je ne vous revoie jamais. Pourriez-vous prier pour moi? Je fis un pas vers lui et (l'humour de Dieu!) ses jambes cédèrent, il tomba par terre en arrière, étendu sur le tapis de mon bureau. Et la pièce était remplie de la gloire de Dieu!"
 
"Tout ce que je crois, c'est que notre être spirituel n'est pas adapté à la pleine puissance de Dieu, et que si nous nous branchons sur cette force, nous ne pouvons survivre. Nous sommes naturellement comme branchés sur de basses tensions; et Dieu libère par le Saint-Esprit ses hautes tensions. Il est LA puissance même; l'homme tente toujours de se mettre à la hauteur de Dieu, d'être à son image, de prendre sa forme, sa taille et sa puissance... Mais Dieu est bien davantage. Lorsque nous Le voyons ou Le sentons tel qu'Il est, nous ne pouvons, tout simplement pas LE supporter... Et lorsque le Saint-Esprit descend sur quelqu'un, cette personne ne peut supporter cette présence. Ses jambes se dérobent sous elle. Elle s'affaisse. Souvent son âme déborde sous son emprise; il ne s'agit pas d'un évanouissement. Il est rare qu'une personne perde alors toutes ses facultés... Et en général elle se rétablit vite sur ses pieds," - en titubant certes! -. Cette manifestation a eu lieu dans tous les services de Kathryn, jusqu'à la fin de son ministère.
 
Pendant 2 ans ½, cela continua sans interruption. Puis, en 1950, pendant une violente tempête de neige, le toit du "Temple de la Foi" s'écroula! Kathryn s'était entourée de personnes de confiance, des huissiers sensibles à l'action du Saint-Esprit, et des 3 piliers qui restèrent avec elle jusqu'à sa mort : l'organiste Charles Beebee, le pianiste Jimmy Miller et son assistante Marguerite Hartner. Dans tous les services présidés par Kathryn, l'ordre était de rigueur. Elle interrompait quiconque se mettait à crier, à prophétiser ou à parler en langues. Pour elle, c'était comme une intrusion à l'action de Dieu. Elle écrit dans son livre "Glimpse into Glory" : "Je ne peux me permettre d'aller dans un lieu où règne le fanatisme. L'enjeu est trop important. J'ai engagé ma responsabilité envers Dieu. Vous savez, parfois le monde pense que seuls des hommes pas très futés ou des femmes âgées croient en la puissance de Dieu... Si on me présentait le Saint-Esprit la première fois dans une telle réunion, je prendrais les gens pour des fous, et je n'y remettrais plus jamais les pieds!". Ainsi voyait-on à ses rencontres pratiquement des orthodoxes, des catholiques, des protestants de toutes dénominations, et des personnes n'ayant jamais mis les pieds dans une église... Perfectionniste, elle était soucieuse du moindre détail, et contrôlait toutes les situations.
 
Mais le Carnegie Hall était fermé. Où aller désormais, après 19 ans, de 1948 à 1967? La réponse lui vint du Dr Robert Lamont, pasteur presbytérien de la ville, qui lui ouvrit son sanctuaire jusqu'à la fin de sa vie. L'auteur de ce livre se rappelle ses matinées du vendredi, où il faisait exprès le trajet depuis Toronto, pour se retrouver dans cette merveilleuse atmosphère du Saint-Esprit. C'est au cours de ces réunions que sa vie a été entièrement transformée. Derrière les yeux de Kathryn qui brillaient de mille feux et sa chevelure rousse, se cachait une femme totalement immergée dans la Parole du Seigneur.


LE MESSAGE DE KATHRYN
 
"Doucement, doucement maintenant... Que tout le monde se recueille dans le plus grand silence"; ceci dit, après une musique éclatante et de merveilleuses louanges. On aurait pu entendre une mouche voler. "C'est dans le silence qu'Il vient", disait-elle. Et c'est dans cette atmosphère de paix que les guérisons se produisaient. Et dans le reste du service, des personnes s'avançaient pour témoigner. À noter que dans les débuts de son ministère, Kathryn avait été troublée par des prédicateurs qui accusaient même des malades de ne pas être guéris "à cause de leur manque de foi". "Mon cœur souffrait pour ces personnes, car je savais combien elles luttaient jour après jour, essayant désespérément d'avoir plus de foi... Mais hélas leur défaite était inévitable, car ils regardaient involontairement à eux-mêmes, au lieu de regarder à Dieu."
 
Jésus fait-il encore des miracles de guérison aujourd'hui? Ces miracles ont-ils cessé à la fin du ministère terrestre de Christ? Elle a traité ce sujet un jour : "Il n'y a pas de Jour des miracles; les miracles sont la manifestation de la puissance de Dieu. Cette merveilleuse puissance a été manifestée tout au long de la dispensation de Dieu le Père, tout au long de celle de Jésus-Christ le Fils, et continue de se manifester pendant la dispensation du Saint-Esprit... Chaque fois que Dieu agit, c'est de façon surnaturelle; c'est pourquoi les miracles continueront à se produire tant que Dieu sera sur son Trône. Avec Dieu, il n'y a pas de Jour des miracles!"
 
"J'espère bien que ce n'est pas Kathryn que vous êtes venus voir. Je serais très mal à l'aise si je pensais que vous étiez venus dans ce but. Mais j'espère que c'est pour rencontrer Jésus et le Saint-Esprit que vous êtes ici." Elle ajoutait ce texte de l'Écriture : "Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes. (I Corinthiens 1:27-29)". Profondément convaincue que Dieu ne veut pas partager Sa Gloire, elle ajoutait : "Dès l'instant où quelqu'un a le désir de partager sa gloire, Dieu lui retire la puissance de son ministère."
 
Constamment elle restait surprise par l'action du Saint-Esprit dans ses réunions "... chaque fois, je ressens une joie ineffable... comme si je n'avais jamais vu de miracle de ma vie! Je suis aussi étonnée que n'importe qui dans l'Auditorium... et peut-être davantage, car je sais plus qu'eux tous que je ne suis en aucun cas responsable de ce miracle!... Ma responsabilité se borne à faire preuve de la plus grande vigilance, et à donner à Dieu seul toute la louange, l'honneur et la gloire qui Lui sont dus... Je dois garder précieusement ce qu'Il m'a légué, car un jour je devrai Lui rendre compte de tout ce qu'Il m'a confié aujourd'hui."
 
Les miracles se produisaient maintenant n'importe quand lors du service : chant de la chorale, témoignage de quelqu'un, offrande même, ou moment de silence particulièrement. Très sensible au Saint-Esprit, elle nous conseillait de ne pas devenir dogmatiques dans nos pensées, nos enseignements ou nos méthodes. Jésus agissait de façon absolument variée. Tout miracle du reste est important. Contrairement à toutes les lois scientifiques connues, la puissance surnaturelle de Dieu peut apporter la guérison. Et elle aimait à citer des anecdotes très démonstratives!
 
Souvent des personnes, malades elles-mêmes, se mettaient à prier pour d'autres dans ses rencontres. Et ce sont elles qui étaient guéries! Les plus grandes manifestations de la puissance de Dieu se sont produites quand elle se rendait particulièrement compte de sa propre misère. "On ne peut pas faire de chantage avec Dieu; vous ne pouvez Lui dire "je n'ai pas confiance en Toi, mais si Tu me guéris, alors je croirais en Toi!". Aucun de nous n'est digne de la plus infime bénédiction. C'est grâce à sa miséricorde infinie seulement, et à sa grande compassion envers nous, que nous sommes bénis. La guérison reste l'acte souverain de Dieu."
 
N'oublions pas que pour Kathryn, il existait un lien inséparable entre la guérison du corps et celle de l'âme. Toutes deux allaient de pair. Dans tous ses services, parfois au milieu des réunions, alors que des corps étaient guéris, des pécheurs s'avançaient, pleurant et s'écriant : "Je veux naître de nouveau!" alors même qu'elle n'avait rien dit sur la repentance ce jour-là. Mais quelle était donc cette "mouvance de l'Esprit" dont parlait si souvent Kathryn?


SANS LUI, JE NE SUIS RIEN
 
C'est à cause de son charisme, disait un critique : "Ne voyez-vous pas comme elle arrive à faire rire ou pleurer son auditoire? - Regardez comme elle les tient dans le creux de sa main! - Elle pourrait dire n'importe quoi et ils la croiraient!" Il est évident qu'un tel homme n'avait pas compris que Kathryn était peut-être la personne la plus vulnérable au monde quand elle montait sur l'estrade! "Ne le voyez-vous pas? Sur quoi pourrais-je m'appuyer? Si j'avais fait des études... Si j'avais des dons... mais je n'ai rien de tout cela : je n'ai que LUI. Sans la puissance du Saint-Esprit, je ne suis RIEN... Je dépends entièrement de la puissance du Saint-Esprit." Elle avait constamment l'impression qu'elle se trouvait EN DEHORS de ce qui se passait, comme si elle était assise au milieu de la foule et qu'elle regardait le Seigneur Tout-Puissant agir : "Je n'ai jamais prétendu avoir un quelconque don de l'Esprit, je ne suis qu'un canal permettant au Saint-Esprit de l'emprunter... avec le seul dessein d'élever Jésus."
 
Pour elle, le Saint-Esprit est une PERSONNE. "Le connaître est passionnant. On n'a jamais le temps de s'ennuyer avec Lui, jamais!" Elle parlait de Sa personnalité haute en couleurs, de Ses émotions, de Son intelligence, de Sa volonté - de tous Ses attributs, comme d'une personne en chair et en os. Elle disait qu'un grand nombre de chrétiens et d'églises essaient de Le limiter. "Dans bien des réunions ils brident le Saint-Esprit, pour suivre leur idée. Mais... Il s'enfuit! Ils Le relèguent dans un coin en déclarant "nous l'avons", mais Il est bien au-dessus de tout ce qui caractérise les dénominations, et de toutes les idées préconçues des hommes..." "Vous ne savez pas ce que vous manquez, (déclarait-elle à ceux qui pensaient que le Saint-Esprit est seulement une influence, ou un mystère). Il a quelque chose de particulier, et lorsque vous Le connaissez bien, Il devient vital pour vous, et c'est à ce moment-là que commence vraiment votre vie!"
 
"Si Dieu reprenait tout ce que j'ai, j'accepterais de vivre de pain sec et d'eau pour le restant de mes jours, et j'annoncerais l'Évangile dans les rues, mais je ne veux pas que Dieu me reprenne le Saint-Esprit." Quant aux signes dont on parle si souvent dans les milieux pentecôtistes, elle ne les méprisait nullement : "Je crois au parler en langues inconnues... selon les Écritures, disait-elle, mais quel est l'avantage de parler en une langue inconnue si cette manifestation n'est pas accompagnée de la puissance du Saint-Esprit et de l'Amour de Jésus-Christ?" La jalousie et l'orgueil spirituel que Kathryn décelait chez beaucoup de chrétiens qui se disaient baptisés du Saint-Esprit la dérangeaient beaucoup : "À ce moment-là, je ressens l'envie de prendre une épingle pour faire éclater le ballon!... N'oubliez pas que l'un des fruits de ce baptême porte le nom d'humilité."
 
Le salut vient instantanément avec la nouvelle naissance. Pour le Saint-Esprit, c'est différent : il s'agit d'un ÉTAT constant et permanent. Ce n'est pas une expérience du passé. "Je l'ai reçu" dit-on. Non, c'est une relation quotidienne avec Jésus, sous l'onction du Saint-Esprit : "Je ne me soucie pas de vos expériences qui remontent à 25 ans et plus, mais dites-moi plutôt ce qu'Il est aujourd'hui pour vous? J'ai aussi reçu le baptême du Saint-Esprit, mais il ne m'est jamais arrivé de me retrouver dans un service de guérison, sans avoir été au préalable fraîchement renouvelée dans ce baptême." Et quand on s'étonnait de sa résistance debout 5-6 h. d'affilée sans même s'asseoir, elle disait : "Laissez-moi prêcher une heure sous l'onction, et je quitte cette estrade, encore plus fraîche physiquement et spirituellement qu'à mon arrivée, quand bien même je me serais trouvée dans un état d'épuisement total, avant de monter sur l'estrade..."


LE TÉMOIGNAGE DE L'AUTEUR
 
Au début des années 70, j'ai écouté un message de Kathryn qui m'a marqué : La puissance du Saint-Esprit en était le thème. Je venais juste de découvrir alors le Mouvement Charismatique, et ne savais pas grand'chose de la vie spirituelle, mais j'étais assoiffé de Dieu... Sur l'estrade, ce matin-là, Kathryn vêtue de son habituelle robe blanche légère et vaporeuse, annonça la Parole avec conviction et enthousiasme. Je buvais ses paroles, avec ce désir croissant en moi, d'en savoir plus. Ayant acheté la cassette, je pris la peine d'écrire mot à mot tout le message, et l'appris pratiquement par cœur! De nombreuses années plus tard, Dieu me parla et me demanda de redonner cette même prédication... Je protestai... Mais Il me dit : "Tu as raison. Ce n'est pas ton message, mais c'est le mien!" Je m'exécutai, car en effet, malgré toutes ces années, ce sermon n'était plus pour moi des paroles entendues, mais bien ce que j'avais vécu à mon tour : la puissance secrète du Saint-Esprit était devenue réelle pour moi.
 
Quelle promesse à la Pentecôte : "Vous recevrez une puissance", mais avec une condition : pas avant que le Saint-Esprit ne survienne sur vous. La conséquence, c'est de faire de nous des témoins du Christ. Et d'abord, il y a la repentance, la confession de notre péché. Il faut à tout prix régler la question du péché; sinon jamais vous ne connaîtrez la puissance de l'expérience du Saint-Esprit. Kathryn disait : "Dieu n'a pas expliqué à l'homme le secret de la naissance physique - alors pourquoi donc hésiter à accepter sans la comprendre la naissance de l'homme spirituel? Toutes deux viennent de Dieu." Et Jésus nous l'a dit. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas que je t'aie dit : "Il faut que vous naissiez de nouveau" (en Jean 3:6-7). Kathryn disait aussi : "Je sais combien il est merveilleux de voir des corps guérir instantanément sous la puissance de Dieu, mais il existe une chose plus extraordinaire encore. Jésus l'a dit : "Vous devez naître de nouveau". Et ce n'est pas une option... Christ ne force jamais personne : si vous venez à la croix, ce sera votre décision personnelle... Tout ce que vous avez à faire, c'est d'accepter ce pardon. C'est à vous seul de choisir."


ELLE VEUT RENTRER À LA MAISON
 
Les pressions sur Kathryn étaient surhumaines. Des milliers la vénéraient, mais beaucoup la critiquaient. "Elle fait ça pour de l'argent!... C'est de l'arnaque religieuse!... Dieu n'est pas dans cette affaire de guérison!... C'est de l'hystérie collective!... etc. etc." Bientôt elle dut prouver que les guérisons étaient bien réelles; ainsi un dimanche à Akron, plus de 18 000 personnes essayant de pénétrer sous un chapiteau, bloquaient la circulation sur des kilomètres. Kathryn s'était bien préparée, avec des personnes guéries présentes sur le podium avec leur dossier médical; car le conflit demeurait, Kathryn ayant toujours proclamé qu'elle n'avait aucun pouvoir pour guérir, et que Dieu seul faisait des miracles.
 
Divers médecins connus prirent la défense de Kathryn, certains allant jusqu'à s'affronter dans une émission à la télé, avec des preuves et des radios à l'appui. Mais les contradicteurs n'y croyaient toujours pas. Des milliers de personnes guéries vinrent alors au Carlton House tenant sous le bras les preuves de leurs guérisons, mais elle disait : "La vérité n'a pas besoin de défense", et elle affichait son plus beau sourire...
 
Pourtant, toutes ces controverses sont futiles comparées aux succès inouïs qu'elle remporta. Au Vietnam, le gouvernement lui remit une médaille d'honneur en janvier 1970, pour avoir construit une clinique, une chapelle militaire et avoir fait un don de 1 200 fauteuils roulants pour les soldats blessés. Elle fut reçue en privé au Vatican par le Pape qui fit l'éloge de son "oeuvre admirable". Il lui offrit un médaillon en or avec une colombe, symbole du Saint-Esprit, gravée de sa main. Elle fut nommée Docteur honoris causa par l'Université Oral Roberts, en 1972. Le Maire Sam Horty lui remit les clefs de la ville de Los Angeles.
 
Elle avait un grand fardeau pour les missions. Sa Fondation construisit plus de 20 églises en Amérique Centrale, en Asie et en Afrique, et elle dota les assemblées locales des équipements nécessaires... Elle finança de nombreuses organisations, et des bourses, afin d'aider les étudiants chrétiens les plus méritants, ainsi que le ministère de David Wilkerson avec Teen Challenge, pour arracher les jeunes à la violence et à la drogue.
 
Ainsi son planning devenait d'année en année plus chargé, avec toutes les semaines au moins deux événements majeurs : télévision, services de miracles, entretiens avec les médias, etc. etc. En 1974, en train de dicter des lettres, elle s'effondra, à la consternation de son équipe. Puis en avion, en revenant de Los Angeles, elle fut si souffrante qu'on dut l'hospitaliser. La radiographie montrait que son cœur avait pris un trop gros volume... "Kathryn, vous devez absolument ralentir votre rythme de vie", lui dit le médecin de garde. Mais c'était impossible... Vers l'été 1975, elle dit ressentir de violentes douleurs dans la poitrine. Elle voyait de plus en plus son ami l'évangéliste Oral Roberts... cette année fut rude pour Kathryn : son pianiste, l'un de ses confidents très proches, lui demanda une augmentation de salaire; elle en fut attristée. Puis ce fut le décès de son chef de chorale. Elle aussi sentait sa fin approcher.
 
Le dimanche 16 novembre 1975, une semaine après la conférence mondiale qu'elle animait à Tel Aviv en Israël, elle était rentrée en Californie pour sa réunion mensuelle au Shrine Auditorium. Personne ne se doutait que ce serait son dernier service. La réunion fut aussi bénie que toutes les autres, et elle semblait totalement restaurée l'espace de ces quelques heures. Mais après la réunion, son état s'aggrava, et il fallut annuler ses engagements à la télévision des jours suivants. Oral Roberts vint à son chevet... Ne voulant pas abandonner tous ceux qui étaient venus exprès en avion pour rendre témoignage à la télévision, elle réussit encore à terminer cette séance avant de perdre connaissance. Ses poumons remplis d'eau, on l'emmena en cardiologie à l'Hôpital. Puis le 27 décembre, elle reçut une nouvelle valvule mitrale. L'opération réussit, mais de sérieuses complications apparurent. Oral et Evelyn Roberts accoururent, et Evelyn dit à son mari : "Elle veut rentrer à la Maison, elle veut aller à sa demeure éternelle". Au cours de la journée, ce 20 février 1976, à l'âge de 68 ans Kathryn Kuhlman entra dans les lieux célestes.
 
Le service funèbre fut extraordinaire. Dans son discours Oral Roberts termina par ces paroles : "Nous sommes heureux que tu aies marché à nos côtés, mais par-dessus tout, nous sommes heureux que le Saint-Esprit nous accompagne toujours, et qu'ainsi nous ne fassions qu'un avec toi." Sur la stèle de sa tombe, on peut lire : Kathryn Kuhlman - Je crois aux miracles  - Parce que je crois en Dieu - le 20 janvier 1976.


CONCLUSION
 
Ce livre contient encore beaucoup d'anecdotes, de témoignages divers, et de considérations de l'auteur. Plus deux Avant-propos de Oral Roberts et de Rex Humbard, et quelques photos.
 
Pour terminer ce résumé, Kathryn évoquant un petit livre à la couverture rouge, souvent lu dans sa jeunesse, regarda quelques pensées qu'elle avait écrites au dos du livre : "Je me demande si je comprenais vraiment toute la portée de ce que j'écrivais alors que j'avais 16 ou 17 ans :
 
Que la vie écrase un homme, ou le polisse,
Dépend entièrement de ce en quoi il est constitué.
Un diamant ne peut être poli sans qu'on le frotte,
Ni un homme sans qu'il soit éprouvé.
Et c'est dans les eaux tumultueuses et les mers profondes
Que les grands pilotes se façonnent.
 
Les années se sont succédées depuis ce jour-là, dit-elle, et je puis témoigner que chacun de ces mots, que j'ai écrits alors, est parfaitement vrai. Je pense que c'est à cause de ces eaux tumultueuses et profondes, à cause des orages et des tempêtes, que je suis devenue la personne que je suis aujourd'hui."
 
Si vous entendez dire que l'Église est morte ou en train de mourir, ne le croyez pas! Des miracles se produisent aujourd'hui dans le monde entier. La prophétie s'est en partie accomplie en Kathryn, mais ce n'est qu'un début :
 
"Après tout cela, je répandrai de mon Esprit sur toute chair; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions" (Joël 2:28). 
 
- Et c'est aussi pour toi, lecteur!

- FIN -

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