Par Jean-Marie PELT - science et foi - Ed. Fayard 1997
Ce livre, dédié à tous : scientifiques, politiciens, médias ou religieux de tous bords,
cherche, comme notre club à ébaucher une relation positive entre science et foi. Il aboutit à
un humanisme écologique éclairé par une approche de réconciliation entre Dieu et l’homme.
J’ai pensé utile et intéressant pour nous d’en résumer quelques chapitres, résumés qui paraîtront
peu à peu, selon mes possibilités. Ce livre offre en effet d’excellents raccourcis des concepts
proposés par diverses célébrités. Il remet aussi en question toutes les "certitudes"
scientifiques du 20e siècle. Et son Épilogue est bouleversant et... prometteur pour
notre avenir.
INTRODUCTION
L’auteur, Jean-Marie PELT a écrit de nombreux autres ouvrages depuis 1969 à ce jour, tous sur un
fond d’écologie; p. ex. "Au fond de mon jardin" Fayard 1992 qui traite de "la bible
et l’écologie". Mais dans le présent livre, il va plus loin et aborde solidement le problème
de Dieu dans notre actuelle "civilisation".
Très généralement il voit deux voies dans la connaissance humaine : la foi religieuse et la
rationalité scientifique. La première tient son origine dans l’intuition qui a son centre dans
notre cerveau droit. La seconde provient de la raison, dont le siège se trouve dans le cerveau
gauche. Ce concept traverse tout l’ouvrage, et l’auteur pense que ces 2 voies de la connaissance
se sont affrontées un peu bêtement durant tout le 20e siècle, et qu’elles ne sauraient
que s’associer durant le siècle qui commence.
Pour cela il nous invite à descendre du train emballé du progrès pour regarder un peu alentour;
pour entendre les plaintes des hommes désorientés par cette fuite éperdue en avant, qui efface
nos points de repère du passé; pour que nous saisissions aussi la majestueuse puissance de la vie,
qui ne saurait se réduire au seul ADN!
CHAPITRE 1
Au 1er chapitre, il nous parle de la découverte d’Yves Coppens en 1974, soit du squelette
de "LUCY " (ou Lucie), morte à 22 ans, il y a environ 3,2 millions d’années. La capacité
de son cerveau (1330 cm3) lui permet de constater qu’en si peu de temps le cerveau humain
a pu grandir si vite qu’il est devenu ce formidable "ordinateur" actuel, constitué de 100
milliards de neurones, soit autant que d’étoiles dans la Voie Lactée. Ce cerveau humain résulte de
la superposition de 3 cerveaux successifs :
CHAPITRE 2
L’auteur ici analyse nos 2 hémisphères cérébraux, caractérisés par leur asymétrie (qui n’existe pas
chez le singe, par exemple). Le prix Nobel Roger SPERRY a précisé les localisations cérébrales, et
montré que chacun de nos 100 milliards de neurones a la possibilité de multiplier par 10 000
les interconnexions possibles avec d’autres cellules nerveuses! L’hémisphère gauche concerne le
langage : la perte de la parole est en effet due à une lésion du lobe frontal gauche. Dès 1960,
on sait son rôle dans le développement de la pensée abstraite (les maths, les sciences, etc., etc.).
Il fonctionne vraiment comme un ordinateur.
Quant à l’hémisphère droit, il saisit les informations globales et en fait la synthèse. Il vibre à la
musique, saisit intuitivement et imagine. De lui vient la créativité, qualité qui fut particulièrement
évidente chez Jules Verne, Picasso ou Einstein... Il s’exprime par images et symboles; il est plus
sensible à l’unité profonde de l’Univers; c’est le siège du génie. Mais, bien sûr, les 2 hémisphères
travaillent toujours en étroite symbiose!
CHAPITRE 3
L’auteur compare 2 personnalités caractéristiques du Moyen Âge, chez lesquelles domine, soit la
mystique, soit la raison.
Le premier, François d’Assise, né en 1181 fut saisi, après une jeunesse bourgeoise et agitée, par
une expérience spirituelle bouleversante. Il prend alors au pied de la lettre l’Évangile, vend
tous ses biens et quitte sa famille. 10 ans plus tard, ses compagnons sont déjà plus de 5 000,
répartis dans l’Europe entière. Pour lui, répondre à l’appel de Dieu était simple : choisir la
voie la plus étroite, le chemin le plus ardu, ce qu’il fit durant toute sa brève vie (il est mort en
1226). Dans les règles qu’il dut édifier pour son "Ordre" franciscain, il a toujours placé
la barre au plus haut. Modèle du chrétien parfait, il souffrira comme le Christ de l’incompréhension
du monde religieux officiel, jusqu’à en mourir à 45 ans, "nu comme un ver, sur la terre
mouillée de la Portioncule, son petit couvent près d’Assise". Seule l’intéressait la pureté
de l’âme dans l’union mystique à Dieu et l’amour du prochain. Précurseur et prophète, uni à Dieu,
comme Christ à son Père, il ne voyait dans la nature que des frères et sœurs... L’auteur cite
intégralement le fameux hymne à la Création, composé "alors qu’il gisait sur un pitoyable
grabat, visité par des mulots particulièrement arrogants".
Le 2e personnage, c’est Thomas d’Aquin, né en 1225, peu avant la mort de François, à
Aquino dans le Royaume de Naples. C’était un bon vivant, obèse, éternel étudiant, l’un des plus
grands penseurs de tous les temps, devenu le Patron des Universités. Il entra dans l’Ordre des
dominicains (fondé peu de temps auparavant par Dominique Guzman) qui mettent l’accent sur l’étude
et la prédication. Thomas a édifié un monument philosophique inébranlable, qui a façonné des
générations de théologiens jusqu’au 20e siècle. Tout en accordant la priorité à la foi,
il ne peut que s’harmoniser avec le monde et le progrès technique. La foi se construit; elle ne
contredit pas la raison, mais lui ouvre le champ d’un discours rationnel sur Dieu : la théologie
est l’intelligence de la foi, pense-t-il. "Bref, avec Thomas la nature, l’homme, la science,
la connaissance, sont unanimement matières à discourir sur Dieu"...
Cependant, si François fut aussi un remarquable organisateur (à sa façon), Thomas eut des extases
fréquentes, au cours desquelles il recevait des lumières divines... Donc, il y eut prédominance chez
l’un de l’activité du cerveau droit (François) - et prédominance chez l’autre du cerveau
gauche (Thomas) - la mystique et la raison - Il existe bien 2 voies de la connaissance,
dont l’heureux mariage est indispensable au plein épanouissement de l’être humain (ex. : Einstein).
CHAPITRE 4
Deux exemples sont encore donnés par l’auteur, concernant la prédominance chez l’un et l’autre de
l’un ou de l’autre hémisphère cérébral. Les portraits de René Descartes et de Blaise Pascal vont
encore mieux nous éclairer sur son point de vue.
Pascal, de santé fragile, surdoué, mathématicien et brillant scientifique aux intuitions géniales,
reconnaît pourtant déjà dans les "Pensées" les limites de la science. Il installe dès
lors ses certitudes dans sa foi, accordant davantage d’importance à la grâce divine qu’aux efforts
humains.
- "Comme je ne sais d’où je viens, ainsi que je ne sais non plus où je vais; je sais
seulement qu’en sortant de ce monde, je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains de
Dieu..." puis il écrit son fameux pari :
- "Dieu est ou Il n’est pas! Mais de quel côté pencherons-nous? La raison ne peut rien
déterminer... donc quel pari prendre?... Prenez le gain et la perte... Dieu est ou n’est pas.
Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien.
Gagez donc qu’Il est, sans hésiter..."
Pascal né en 1623 trouve la foi en 1646 à Port-Royal (sa première conversion). Mais c’est le 23
novembre 1654 à 31 ans qu’il est réellement baptisé dans le Saint-Esprit et qu’il crie ses fameuses
paroles : "Certitude, certitude, sentiment, joie, paix!" Cet éblouissement
l’accompagnera jusqu’à sa mort en 1662, 8 ans plus tard, à travers un état maladif constant.
Désormais il s’intéresse non plus au Dieu des philosophes, mais à celui de Jésus-Christ (ce qu’on
a appelé sa 2e conversion). C’est la découverte du Dieu caché dans la nature, dans
l’Écriture, dans l’histoire et dans notre propre histoire...du Dieu invisible à l’œil, mais pourtant
parfaitement visible à travers les événements qui appellent tout naturellement à la foi, pour le
croyant. Pour Pascal, la raison n’est pas capable de démontrer que Dieu existe, ni qu’il n’existe pas,
d’où cette parole classique de Pascal attribuée à Dieu. "Tu ne me chercherais pas si tu ne
m’avais déjà trouvé".
Quant à Descartes, son contemporain, lui aussi de santé fragile, souvent alité, ancien élève des
Jésuites, il part de sa propre pensée : "Je pense donc je suis" pour s’élever
à la conception de l’Être parfait. Fantastique penseur dans son "Discours de la Méthode",
il rêve d’étendre la certitude mathématique à tout. Ainsi pour lui l’animal n’est qu’une machine et
l’homme aussi, n’en différant que par l’âme que Dieu y a jointe. De cette vision sont issus,
matérialisme, scientisme et ... cartésianisme.
Ardent défenseur de la liberté et du libre arbitre, il sépare aussi radicalement l’âme du corps,
professant qu’il y a en nous deux principes en opposition : la partie corporelle et la partie
immatérielle, purement intelligente. L’être humain est ainsi affecté d’une scission interne :
s’il s’oppose à la nature extérieure, il s’oppose ainsi en partie à sa propre nature...
Atteint de pneumonie, Descartes mourant en février 1650, reconnaît ses erreurs, estimant que
"Dieu avait permis que son esprit demeurât si longtemps embarrassé dans les ténèbres,
de peur que ses raisonnements ne se trouvassent pas assez conformes à la volonté que le Créateur
avait de disposer de sa vie..."
Pascal le génial, l’intuitif, le mystique, illustre la prééminence du cerveau droit, tandis que
Descartes le philosophe, le rationaliste amorce le mouvement qui va sans cesse se développer en
Occident par l’absolue prééminence du cerveau gauche, jusqu’à la science moderne.
Ainsi à l’aube des temps modernes, Pascal et Descartes illustrent-ils le vieux débat qui nous
intéresse dans ce club, opposant science et foi, déduction et intuition...
CHAPITRE 5
Dans le Chapitre 5 de son livre, J.-M. Pelt décrit comment cette guerre entre ces deux tendances
va se développer par les découvertes de quatre savants qui vont secouer les vieilles conceptions
de la religion à propos de la Création. C’est d’abord l’astronome polonais Nicolas Copernic, un
chanoine, qui en 1500 se rend à Rome. Secrètement - comme les alchimistes du Moyen âge -
il découvre que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil, et non l’inverse! L’œuvre de Copernic
ne fut publiée par l’un de ses élèves qu’à sa mort en 1543 dans son fameux "De revolutionibus",
ouvrage qu’il a dédié au pape Paul III. Copernic propose une nouvelle représentation de l’Univers.
Quelques années plus tard, l’astronome anglais Thomas Digger se détache encore de Copernic en
proposant de supprimer la "sphère des fixes" où étaient piquetées les étoiles, anéantissant
le système immuable de Ptolémée, qui était devenu quasi celui de la Bible pour la religion chrétienne
de l’époque. Du coup l’Univers devenait infini, inspirant les thèses du jeune Giordano Bruno.
Celui-ci, formé au couvent des dominicains de Naples, se permit d’aller beaucoup plus loin dans
cette révolution copernicienne, en faisant l’unanimité contre lui : théologiens catholiques
et protestants, ce qui finit par le conduire au bûcher! Émigrant de ville en ville en France, à
Genève, en Allemagne ou à Oxford en 1583, il rencontre Galilée à Venise, puis arrêté, soumis en
vain à la torture, il est brûlé vif à Rome le 17 février 1600.
Puis vint Galileo Galilei, dit Galilée, un solide gaillard, réaliste, qui confirme diverses théories
de Copernic, mais un siècle plus tard. En 1609, il construit sa fameuse lunette astronomique,
découvre 4 satellites de Jupiter, les phases de Vénus, comparables à celles de la Lune... On imagine
les réactions du monde religieux! Il affirme que dans le domaine physique l’Écriture sainte n’a pas
valeur de juridiction :
"Nous n’avons pas à chercher dans l’Écriture un enseignement proprement dit de l’astronomie",
et "l’intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment l’on doit aller au ciel, et non
comment va le ciel..." intuition génialement moderne que beaucoup encore de nos jours n’ont
pas comprise!
Traduit devant le Saint-Office à l’âge de soixante-dix ans, Galilée se défendit avec peine et dut
prononcer à genoux l’abjuration de sa doctrine. La tradition rapporte qu’en se relevant, il frappa
la terre du pied et s’écria : "Et pourtant, elle tourne!" Notons qu’il fallut
attendre 1992 pour que le pape Jean-Paul II le réhabilite enfin...
Les bouleversements de l’astronomie eurent cependant pour conséquence une remise en question radicale
des croyances astrologiques qui avaient eu une période faste au Moyen Age, où Bacon disait :
"alchimie, astrologie et magie sont les trois éléments de base des sciences naturelles"!
Même position chez les Arabes, où les astres sont considérés comme des signes de la volonté d’Allah...
et du reste, l’astrologie est encore profondément géocentrique et donc archaïque. De même, l’alchimie
sera malmenée par le progrès des sciences positives, en particulier par les découvertes de Lavoisier
sur la composition chimique de l’eau, malgré sa mort sur l’échafaud, le 8 mai 1794.
Puis ce fut la révolution biologique avec Darwin, qui publiait en 1859 "De l’origine des espèces
au moyen de la sélection naturelle". Le concept d’évolution semblait ébranler la création
originelle décrite par la Genèse. Darwin, en vrai visionnaire ose appliquer son principe de sélection
naturelle aux origines biologiques de l’homme, qui se serait ainsi extrait peu à peu de sa condition
animale initiale. Une lady anglaise s’est écriée : "Descendants des singes? ...espérons
que ce n’est pas vrai, et, si ça l’était, pourvu que la chose ne s’ébruite pas!". Mais nul
n’ignore plus aujourd’hui que physiquement l’homme descend, comme les singes, d’un lointain ancêtre
commun.
Ainsi, non seulement la Terre n’est plus comme on le croyait au centre de l’Univers, mais l’homme
conteste le double récit de la Création de la Genèse. Ainsi la science de la fin du 19e
siècle sortait victorieuse; dominatrice et sûre d’elle-même, elle détenait La Vérité... C’était l’ère
du scientisme triomphant.
De son côté, l’église romaine était acculée à se replier sur son pré carré. Elle a dû combattre sur
deux fronts : celui de la science, mais aussi celui des autres confessions chrétiennes issues
de la Réforme. C’est apparemment une éclatante victoire du cerveau gauche et du rationalisme
réducteur hérité de Descartes. Certes, il apparaît aussi de grands mystiques en diverses religions,
et le cerveau droit continue à se manifester, mais dans des phénomènes marginaux. Sauf peut-être en
art, où l’impressionnisme semble échapper à cet étau du rationalisme.
CHAPITRE 6
Mais ce paysage scientiste, gage de toutes les utopies, allait être bouleversé dès le début du 20e
siècle, mettant à mal cette éphémère religion de la science. Dans le 6e chapitre, l’auteur explique
la nouvelle révolution "la science contemporaine, s’exprimant dans le langage mathématique,
en vient à énoncer des résultats qui ne sont plus des évidences pour la raison." Tel est le
résultat de la théorie de la relativité générale d’Einstein qui conduit à remplacer l’espace euclidien
à 3 dimensions, par un espace-temps "courbe" difficile à conceptualiser... et tout devient
relatif. Les choses s’aggravèrent encore avec l’avènement du quantum qui allait secouer la physique
jusque là bien trop sûre d’elle-même.
Plusieurs expériences révélaient dans les années 20 que les électrons, les photons et autres
particules se comportent à la fois comme des ondes et comme des objets. Puis le schéma de l’atome
en forme de système solaire avec ses électrons gravitant autour du noyau s’effondrait à son tour!
Avec Eisenberg, il n’est plus possible de connaître simultanément la position d’un électron autour
du noyau et sa quantité de mouvement... Voici donc la physique qui aboutit elle aussi à l’une de
ses limites, même dans le réel qu’elle ne peut plus prétendre expliciter dans sa totalité. Dès lors
se pose la question : "le cerveau peut-il comprendre rationnellement le cerveau?"
Ainsi la physique quantique reste de la seule compétence d’un cercle restreint d’initiés, mais la
physique nucléaire a fait grand bruit dans la 2e moitié du siècle avec la bombe atomique
d’Hiroshima. Puis les suites de l’accident de Tchernobyl, le problème de gestion des déchets et de
la prolifération redoutée de la radioactivité, ont atteint aussi les limites des technologies
issues du scientisme trop sûr des physiciens.
L’astrophysique aussi a connu certes des développements spectaculaires avec Hubbles qui postula
l’expansion de l’univers et la théorie du big-bang. Mais désormais cet univers a donc un commencement
et l’apparition de l’homme ne peut en être dissociée. Il fallait que cet univers soit tel qu’il est
pour l’engendrer!
Et si n’importe lequel de ses paramètres physiques avait eu des variantes infimes, jamais l’évolution
n’aurait pu aboutir à l’homme et à son cerveau! C’est le principe anthropique de l’astronome anglais
Brandon Carter. Parmi les milliards d’univers possibles, en faisant varier même de peu les constantes
physiques fondamentales au départ, seul le nôtre est apte à engendrer la vie! Jacques Monod avait donc
tort en privilégiant le hasard, et Trinh Xuan Thuan a pu en conclure que "la notion de
création, écartée avec dédain par Laplace et ses successeurs, trouve ainsi un support scientifique au
moment où l’on s’y attendait le moins".
Et l’astrophysique a aussi eu ses désillusions. Aucune trace de vie sur Mars... ni dans le système
solaire. Et pas de signe d’extraterrestres intelligents venant du Cosmos... Quant à la biologie,
techniquement elle avance, jusqu’aux actuelles manipulations génétiques. L’ADN et divers éléments
s’agencent dans le plus formidable jeu de mécano jamais inventé! La botanique et la zoologie,
sciences naturelles et purement descriptives sont désormais éliminées des universités, comme
l’astrologie sous Colbert... Mais la biologie reste incapable d’engendrer la vie ex nihilo!
Déjà paraît vieillotte la foi scientiste de Jacques Monod qui écrivait glorieusement en 1970, dans
"Le Hasard et la Nécessité" : "L’ancienne alliance est rompue, l’homme sait
enfin qu’il est seul dans l’immensité de l’univers d’où il a émergé par hasard. Non plus que son
destin, son devoir n’est écrit nulle part." Personne n’osa le contredire officiellement à
cette époque... Mais sur son lit de mort, ses dernières paroles furent :"Pourquoi?
Pourquoi?"
Quant à l’évolution, si elle reste à la base des travaux des biologistes, elle est très fragmentaire
en réalité. En effet, la sélection naturelle n’explique en rien le gain de complexité des grands
embranchements. De plus, les fossiles intermédiaires entre deux niveaux d’organisation n’ont jamais
pu être trouvés... et personne n’a pu expliquer la création de l’œil... Pourtant, même si le dogme
darwinien est un peu écorné, il reste une base essentielle de travail. Mais il faut reconnaître que
l’essentiel des mécanismes de l’évolution biologique reste encore inconnu...
Enfin, il est certain qu’il a existé des liens étroits entre le darwinisme et le marxisme, fondés
l’un et l’autre sur la compétition impliquant le succès du plus fort. Engels écrivait à Marx en
1859 : "Ce Darwin, que je suis en train de lire est tout à fait sensationnel. On
n’avait jamais fait une tentative d’une telle envergure pour démontrer qu’il y a un développement
historique de la nature, du moins avec un pareil bonheur."
Et, après sa rencontre avec Darwin, Marx lui répondit en 1862 : "Ce qui m’amuse, chez
Darwin que j’ai revu, c’est qu’il déclare appliquer la théorie de Malthus aux plantes et aux animaux...
chez lesquels il reconnaît sa propre société anglaise..." Malthus, déjà à la fin du
18e siècle, avait en effet insisté sur le rapport entre le volume des populations et les
ressources disponibles, et la compétition qui en découlait pour leur appropriation, au détriment des
plus faibles. Mais la chute du marxisme pourrait bien aussi présager celle du darwinisme, qui reste
toujours incapable de rendre compte de la genèse des embranchements.
En neurologie, John C. Eccles prix Nobel de Médecine en 1964, a publié "Evolution du cerveau et
création de la conscience". Cet ouvrage rééquilibre celui de Jean-Pierre Changeux, qui avait
postulé en 1983 dans "L’homme neuronal" que les possibilités combinatoires du cerveau humain
étaient suffisantes pour rendre compte de toutes les capacités humaines : "... Le clivage
entre activité mentale et neuronale ne se justifie pas; désormais, à quoi bon parler d’esprit?".
Eccles inverse le raisonnement et fait du cerveau le récepteur de la conscience, et non plus son
émetteur! S’il est, c’est vrai un superbe ordinateur, l’âme en reste le programmateur :
"Le grand mystère, réside dans notre création en tant que programmateurs. Ainsi l’esprit et
le cerveau restent des entités séparées... mais en interaction."
De la neurologie à l’intelligence artificielle il n’y a qu’un pas. Richard Dawkins affirme qu’une ère
informatique succédera à l’ère biologique, et que nous ne serons plus que les garçons de course des
robots du futur! Dépendant déjà de sa voiture, l’homme moderne le sera encore davantage de son
ordinateur...
Mais dans toutes les sciences et techniques, et même dans les sciences humaines, les dogmes se
trouvent ébranlés. Car les sciences comme les religions ont leurs dogmes, et leurs clercs
intransigeants et sectaires. Mais pour ce nouveau millénaire on peut espérer qu’un climat plus
ouvert accompagne partout, et dans toutes les sciences, la chute des idoles et l’effondrement
du vieux credo scientiste.
CHAPITRES 7 & 8
Aux chapitres 7 et 8, l’auteur fait un bilan de l’évolution scientifique récente depuis Einstein,
et constate les multiples retombées technologiques qui en ont résulté. Inévitablement aussi on
constate que l’idée de transcendance, de réalité de l’être, ouvre comme tout à nouveau un espace à
la foi.
D’un autre côté, les religions avec leurs intégrismes propres sèment le trouble dans les esprits,
tandis que depuis Vatican II, au début des années 60 le catholicisme semble mettre un terme à sa
guerre contre la Science. De nombreux exégètes soumettent la Bible à des investigations scientifiques
(historiens, linguistes, archéologues, etc., etc.). La pratique religieuse est en chute libre dans
les églises officielles d’Europe occidentale, tandis que les pèlerinages et les fêtes traditionnelles
restent très fréquentés. La tradition reprend ainsi sa revanche sur le "Progrès". De même,
les groupes de maison plus ou moins charismatiques se multiplient dans le monde entier.
La Science s’est retirée du monde des "pourquoi", pour se consacrer aux "comment";
recherche scientifique et conscience religieuse deviennent complémentaires, tout comme nos deux
hémisphères cérébraux, et une nouvelle éthique indispensable à la survie de l’humanité apparaît
avec vigueur.
Des actions novatrices s’imposent auxquelles les scientifiques sont appelés à s’associer, mais qui
se soucie par exemple de promouvoir une réelle éthique des médias, dont l’omnipotence marque hélas,
toute notre société? Dans le domaine biologique, le problème des découvertes génétiques et des
brevets sur les gènes humains fait hurler le monde écologique qui devient envahissant. L’éthique et
la morale qui découlaient jadis tout naturellement de la religion chrétienne n’étant plus la règle,
tout est permis, "il est interdit d’interdire" selon Mai 68...
Conséquences : inversion des rapports parents/enfants - les vieillards abandonnés à des
institutions - la montée de la "petite" délinquance. - Et les "Droits de
l’Homme" qui ignorent superbement l’indispensable réciprocité entre droits et devoirs!
L’Évangile de Jésus, lui, le proclamait si bien : "...tout ce que vous voulez que les
autres fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux : voilà la Loi et les Prophètes."
(en Matthieu 7:12) et diverses religions disent presque la même chose.
Cette réciprocité entre droits et devoirs devrait absolument constituer un heureux complément aux
"Droits de l’Homme". Mais la mort des dieux a détruit la frontière entre le Bien et le
Mal...
Prudemment, la Science reste discrète sur ce sujet : "Il n’y a pas une région isolée
du cerveau qui serait le siège de la morale"... il s’ensuit que nous n’avons ainsi plus
aucune responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes, ni d’autrui! Le lion qui tue l’antilope, comme l’homme
qui dévalise une banque, obéissent au même "besoin vital" : survivre! Dès lors où est
le mal? (nous voici donc rendus au règne de la Bête, qu’annonce l’Apocalypse = note du rédacteur).
Ainsi vise-t-on à trouver une "éthique sans les dieux" qui aboutirait à une sorte
d’altruisme et une solidarité entre les êtres vivants qui correspondrait grosso modo à l’enseignement
traditionnel du judéo-christianisme, mais sans son fondement...Notre Société a perdu son modèle
humain universel.
CHAPITRE 9
Ardent défenseur de la liberté et du libre arbitre, il sépare aussi radicalement l’âme du corps,
professant qu’il y a en nous deux principes en opposition : la partie corporelle et la partie
immatérielle, purement intelligente. L’être humain est ainsi affecté d’une scission interne :
s’il s’oppose à la nature extérieure, il s’oppose ainsi en partie à sa propre nature...
Après ces constats, dans son chapitre 9, l’auteur revient au problème des origines de l’univers.
Pour la physique quantique actuelle, le vide originel n’est ni espace, ni néant, car il contient
des particules virtuelles si éphémères qu’on ne peut les discerner. Ce vide est d’abord transformé
en lumière au big bang. C’est le fameux Fiat lux qui, selon Michel Cassé, est dangereux car
"susceptible de faire renaître des mythes originels plus profonds et plus puissants que les
concepts scientifiques... et le soucis du physicien de rechercher une expression unique des lois
qui régissent le monde est influencé par cette volonté unitaire (en relation avec le dieu unique).
Or, souligne Cassé, il est impossible "de voir le début de l’univers" et "impossible
de le penser"! Mais l’hypothèse du big bang ne fait pas encore l’unanimité du monde scientifique
qui cherche une vision moins "chrétienne" de nos origines... Passant à l’origine de la vie,
notre auteur parle des hypothèses d’Oparine et des expériences de Miller, ajoute les découvertes de
la vie autour des sources hydrothermales sous-marines, ou de ses origines extraterrestres possibles,
il y a quelque 3,5 milliards d’années. Si l’on peut risquer ainsi plusieurs hypothèses, il est quasi
impossible de préciser comment la vie a réellement commencé.
De même, l’origine de l’homme demeure aussi obscure. Tout au plus, peut-on affirmer que l’Homo
sapiens sapiens est un primate qui s’est manifesté il y a environ 30 000 à 50 000 ans, après avoir
éliminé ses prédécesseurs, les Néanderthaliens et les Homo erectus, on ne sait comment... Nous nous
heurtons toujours à la même difficulté : la science répond à peu près au "quand" et au
"comment", mais elle reste muette (par exemple) en ce qui concerne la manière dont sont
apparues les grandes nouveautés zoologiques ou botaniques, dans la même très courte période de 60
millions d’années, au cambrien, il y a environ 500 millions d’années...
Enfin, en ce qui nous concerne en Occident, la Bible par la Genèse, répondait à cette question
jusqu’à la fin du 19e siècle. Ce récit, datant du 6e siècle avant notre ère,
dit que l’homme a été créé à l’image de Dieu, par le principe actif qui insuffle la vie, Sa Parole.
(Dans la description que Pelt fait des 2 récits "contradictoires" de Genèse 1-2, il s'étonne de
l'apparition tardive du Diable et de la "création des luminaires" seulement au 4e Jour. Je propose
des explications simples dans mes "Questions du Mois"
et dans mon livre "Création ET Évolution" - note
du rédacteur).
Il continue en constatant que le récit de la Genèse insiste sur la "bonté" de la Création,
puisqu’il est répété 7 fois que "Dieu vit que tout cela était bon". (Et même TRÈS
bon, après l’homo Sapiens, à la fin du 6e Jour - note du rédacteur).
L’homme est "invité à partager la divine béatitude" et à croître, prospérer, et
remplir la Terre en dominant tout...
La faute de nos premiers parents - faite de désobéissance et d’orgueil - va tout modifier
dans ce tableau idyllique originel qui se solde par l’expulsion du Paradis, le premier grand accident
de l’histoire... Mais même dans le meurtre de Caïn, nous voyons que la miséricorde insondable de Dieu
demeure pour sa Création malmenée. L’acte d’orgueil devient le "péché originel". Ainsi pour
l’Homme l’idée d’un "manque" perdure (tout au moins pour celui qui pense ou qui "se
pense") , comme un vide ou une nostalgie (de Dieu). Pascal en parle de ce "Dieu caché"
dont nul n’a vu le visage. Moïse seul l’ayant vu passer de dos... L’islam au contraire, nous parle
d’un Dieu triomphant. Allah s’impose et ne laisse aucun choix à ses fidèles que la soumission (= islam),
pour gagner le Paradis, dont ils gardent une vive conscience...
Notre époque remet tout en questions... en particulier ce péché originel. On voit dans le "second
récit de la création", plus ancien que le premier de 3-4 siècles, des traces de conception très
anciennes, sumériennes et assyriennes. Aujourd’hui tout se confond. On rapproche ainsi le péché
originel du mythe de Prométhée de la mythologie grecque l’homme tient à ravir aux dieux le savoir
qui fonde leur pouvoir... Mais la Bible nous parle constamment elle, de la bonté de Dieu qui veut
nous sauver, car s’il y a du péché en nous, Jésus, par sa résurrection peut nous en délivrer! Alors,
faut-il croire les savants ou les prêtres? Le combat continue... opposition irréductible? Ou comme
chaque hémisphère cérébral a son importance, association inéluctable de deux mécanismes en apparence
opposés? Le gauche, logique, cartésien qui dissèque et analyse - le droit intuitif, sensible
symbolique mythique...en médecine, l’un est celui des professeurs, l’autres celui des guérisseurs!
Le cerveau droit celui des pourquoi, le gauche celui des comment.
Ainsi ce qui importe dans la Bible, c’est de nous apporter l’ESSENTIEL, à la science de s’occuper du
COMMENT. Un vrai dialogue peut ainsi se nouer entre les deux voies de la connaissance : celle de
la science et celle de la conscience.
CHAPITRE 10
Au chapitre 10, notre auteur attaque le problème de la FIN. La science nous parle d’un éventuel
"Big crunch", comme un caillou lancé en l’air retombe sur la terre, ainsi l’Univers dans
une immense pulsion reviendrait à son point de départ. Mais rien n’est encore certain : nous ne
savons pas si l’Univers va se recontracter ou non... Mais qu’en est-il de la fin de la vie sur la
Terre? Elle dépend d’abord de la longévité du Soleil, réacteur gigantesque en fusion nucléaire depuis
4,6 milliards d’années, actuellement à mi parcours de sa vie. Il se transformera d’abord en une géante
rouge, mille fois plus lumineuse que notre étoile actuelle qui engloutira Mercure, Vénus et la Terre,
en anéantissant tout. Puis finalement le Soleil explosera dans l’espace soufflant aux quatre vents la
matière qu’il aura créée durant ses 10 milliards d’années d’existence.
Mais l’Homo Sapiens? Une espèce dure en moyenne quelques millions d’années... Une catastrophe
nucléaire pourrait réduire ce temps de survie. L’artificialisation croissante de notre environnement
nous mettra-t-elle en péril bien avant? Tout est possible, y compris les pires dérèglements. Si la
mort de l’espèce est incertaine, qu’en est-il de notre personne? Mystérieuse, la mort était d’abord
cardiaque, aujourd’hui cérébrale, elle est caractérisée par l’absence de réponse à tous les stimuli.
Mais même un électroencéphalogramme plat, comme dans les suicides barbituriques, n’empêche pas
toujours la reprise de la vie. Mais lorsque le sang ne circule plus dans le cerveau, celui-ci se
nécrose très vite, sans possibilité de récupération.
Ensuite? ce qui se passe après la mort ne relève plus du domaine de la Science. En publiant en 1975
"La Vie après la vie" le Dr Moody a décrit des expériences "NDE" (near death
experience - proches de la mort) dont furent l’objet des personnes dans le coma, à la suite par
exemple d’un accident. Le sujet a conservé parfois le souvenir du film de toute sa vie passée; il
rencontre les siens décédés, voit un "être de lumière", puis arrive à une barrière
infranchissable. De "retour" dans la vie terrestre, il est changé, la crainte de la mort se
dissipe, il vit en état de sérénité, confiant dans l’avenir. On trouve dans ces expériences une
analogie avec les descriptions du "Livre des morts" égyptien qui parle de la "pesée
des âmes", ou de la mythologie grecque qui évoque le fleuve (Styx) que traversait Charon, chargé
des âmes des défunts. Une fois cette barrière franchie, plus de retour en arrière possible...
La croyance d’une vie après la mort appartient à la plupart des cultures. Étonnante, la montée en
Occident de la croyance en la réincarnation, venue des religions orientales. La résurrection est sans
doute la position encore la plus répandue, elle est issue de celle de Jésus-Christ racontée
sommairement dans les Évangiles. Le Christ, malgré ses 12 apôtres, se révèle étonnamment d’abord aux
"saintes femmes"... Il est comme un Nouvel Adam, ouvrant un nouvel Univers. Ces récits
concernant la résurrection sont bouleversants d’authenticité; comme l’épisode de Thomas l’incrédule
qui huit jours plus tard, voyant survenir Jésus toutes portes verrouillées, se voit obligé de mettre
son doigt dans les cicatrices de son maître, et reçois ses paroles : "Parce que tu m’as
vu, tu as cru; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, auront cru".
La foi repose donc dès lors, non sur la vue, mais sur le témoignage de ceux qui ont vu Jésus
ressuscité. Elle ne s’impose pas. La résurrection, dans sa matérialité, ne peut être conçue que
par la foi, et la foi seule... Il s’agit d’une démarche strictement personnelle. Mystère impénétrable,
comme d’autre part, celui de l’enfer et des peines éternelles. Les paroles du Christ à ce propos sont
sans équivoque. Et l’Apocalypse dans sa finale, nous décrit la fin de ce drame, pour aboutir à la
Jérusalem céleste, la solide cité dont Dieu est l’architecte et le constructeur. (Ap. 27:11-22)
L’Apocalypse et les prophètes antérieurs sont formels : ce programme ne réussira que par la volonté
expresse de Dieu, envers et contre toutes les forces adverses mobilisées jusqu’à la fin contre Sa
volonté. Tout se délite, mais les responsables du monde disent que tout ira mieux grâce au progrès
de la connaissance... c’est ce que l’on promet depuis un siècle. Mais soyons sûrs, ce vieux monde
lézardé s’effondrera avant même que nous ne nous en apercevions, comme le fit le marxisme, car la vie
nouvelle promise par la Bible ne viendra qu’après cette grande crise qui nous menace déjà. J’aspire
moi aussi aux lendemains qui chantent, mais ils me chantent une tout autre chanson : "Il
faut que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, et que cet être mortel revête l’immortalité..."
selon 1 Cor.-15:53-55.
Dans les derniers chapitres de son livre, Jean-Marie Pelt constate que toutes les religions conservent
la transmission d’un message révélé, leur but étant d’ouvrir le cœur de l’homme à la transcendance.
Toutes sont moulées dans des institutions humaines très conservatrices. Et, en particulier les Églises
portent le lourd fardeau de leur passé et de leur humanité. Et comme les espèces biologiques évoluent
et se divisent en divers embranchements, l’Église suit le même mécanisme, comme créant de nouvelles
espèces sociales ou spirituelles.
L’appel de Dieu à Abram est bien le point de départ d’une nouvelle "espèce", dont les fils
seront comme les grains de sable au bord de la mer... L’histoire du peuple juif atteste la fidélité
étonnante de Dieu à cette promesse, et à la Loi remise à Moïse au Sinaï. La loi mosaïque est bien le
code de référence fondamental. Plus étrange est le fait que la diaspora de ce peuple n’a pas fait
dévier d’un iota sa foi, comme les gènes dans une espèce biologique, et malgré les "mutations"
qui se sont produites. Car on peut considérer dans cette image Jésus comme un mutant. Cette nouvelle
"espèce" que fut le christianisme a gagné en peu d’année le monde romain, en subissant
toutes sortes d’hybridations, que divers conciles durent éradiquer en tant qu’hérésies. Puis survient
l’islam, une autre mutation brutale qui en moins d’un siècle remplace les communautés chrétiennes au
Proche Orient, en Afrique du Nord, en Albanie et en Espagne, avec la rage envahissante d’une plante
nouvelle (comme la jacinthe d’eau venue d’Amazonie envahissant tous les plans d’eau subtropicaux).
Et quant au christianisme, ne voyons-nous pas de nouvelles mutations, avec la Réforme (Luther, Calvin
et d’autres). Les lois de l’évolution sont aussi celles de l’histoire des sociétés... Alors, les
religions ont-elles encore un avenir? Mauriac disait que l’Église est une vieille tuyauterie rouillée,
mais que l’eau y passe... Le Renouveau charismatique est un exemple qu’un retour aux sources est
toujours possible à travers nos diverses dénominations, en acceptant nos sociodiversités. L’uniformité
est étrangère à la mouvance de la vie; il convient donc d’éviter la tentation de l’unité dans
l’uniformité. L’Évangile est d’abord une bonne nouvelle. Une kyrielle d’interdits, est-ce encore une
bonne nouvelle?;
Dieu lui-même est sévèrement connoté par la modernité. L’image dont on le pare, ce Dieu là, est mort.
Seul Jésus nous a dit : "Je suis le chemin, la vérité et la vie." Cette présence
constante se manifeste de manière différente pour chaque croyant., par de grandes révélations ou de
petits attouchements; l’important est de ne pas passer à côté et de ne jamais récriminer contre Dieu.
Nous laisser dépouiller de l’homme ancien et de revêtir - comme le dit l’apôtre Paul -
l’homme nouveau.
En lisant les béatitudes dans les Évangiles, on reste stupéfait par la contradiction absolue qu’elles
expriment face aux "valeurs" de la modernité. C’est le monde à l’envers, un renversement de
notre échelle des valeurs. Aussi n’imputons pas à Dieu nos infortunes, conséquences de notre
inconscience, car Il n’en est absolument pas l’auteur! Le message de Jésus est celui d’un homme dont
la vie terrestre aboutit à la mort en croix, donc à un échec absolu. Cette affirmation, six siècles
plus tard, l’islam n’a jamais pu l’accepter.
Mais l’ "échec" de Jésus se dessine sur un fond de résurrection, qui est désormais offerte
à tous les hommes. "Dieu ne s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu" disent
les orthodoxes. Cet homme se prépare, quand il sera lassé des jouets électroniques qu’on lui propose...
bien qu’il faut bien le reconnaître, nous n’en sommes encore qu’à l’adolescence de cette Humanité-là,
et le gros de la troupe reste même dans des stades infantiles! Lorsque les églises auront renoncé à
toute velléité de pouvoir pour mieux refléter l’image de Jésus, alors du neuf pourra s’édifier sur
du très vieux, tandis que refleuriront les communautés de base à l’instar de celles de l’Église
primitive.
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