DIEU DE L'UNIVERS

Par Jean-Marie PELT - science et foi - Ed. Fayard 1997


ELIA RAVELOMANANTSOA
candidate évangélique aux élections
présidentielles de Madagascar !

Propos recueillis par Paul Ohlott


C'est à l'âge de 19 ans qu'Elia Ravelomanantsoa a créé sa première entreprise d'exportation de produits agricoles. Quelques années plus tard, en 1986, elle a réalisé le premier festival de la mode Manja, une réussite qui fait d'elle une véritable figure de proue dans ce milieu. Elle profite alors de sa notoriété pour s'investir dans la communication événementielle, puis publicitaire et institutionnelle. Avec son mari, elle décide ensuite de travailler comme consultante en ingénieries d'affaires, après avoir fondé le groupe d'entreprises FCB-Synergy Communication.

Nommée présidente des Femmes Entrepreneurs de Madagascar, membre fondateur et vice-présidente du Carrefour des Entrepreneurs Français, mais aussi membre fondateur et vice-présidente du Groupement des Agences Conseils en Communication, elle décide finalement de fonder un mouvement politique en 2004.

Avec Madagasikarantsika, elle souhaite un nouveau pays « par tous et pour tous ». Candidate aux élections présidentielles, qui auront lieu le 3 décembre 2006, elle débute sa campagne le 12 novembre. Entretien inédit avec une femme visionnaire, qui à l'âge de 45 ans, est animée du désir de bâtir des ponts entre les Évangéliques de son pays et de toute la Francophonie.


«Je veux plaider en faveur du Christianisme évangélique»

Paul Ohlott : Quel climat règne au sein du Protestantisme à Madagascar?

Elia Ravelomanantsoa : Il faut savoir que d'une part, il y a les Églises reconnues depuis plus de cent ans, les réformées en particulier, et d'autre part, les nouvelles Églises évangéliques, dites de réveil ou charismatiques qui fleurissent depuis 15 ou 20 ans. Ces dernières connaissent une assistance croissante et sont très actives dans l'annonce de l'Évangile, mais elles ne jouissent d'aucune reconnaissance. Il est important aujourd'hui de désenclaver ces communautés évangéliques de Madagascar. Les chrétiens de ces églises de réveil se sentent un peu orphelins, isolés et rejetés, et j'ai vraiment à cœur de faire évoluer cette situation. Je veux plaider en faveur du Christianisme évangélique et le promouvoir sur le plan international.

P. O. - Pouvez-vous nous citer un exemple concret qui apporte une légitimation de ce sentiment de rejet?

E. R. - Oui, je peux parler de la demande de fonds mise en place par l'actuelle gouvernance et la Banque Mondiale. Ce fonds a été débloqué il y a près de 3 ans, mais malheureusement les églises non conventionnelles, donc les communautés de réveil, n'ont pas été appelées à participer à ce projet de développement. Seules les Eglises protestantes traditionnelles en ont bénéficié. Plus encore, le président Marc Ravalomanana, vice-président d'une Eglise réformée, a déjà insulté par le passé les évangéliques en les traitant de sectes. Néanmoins, il a commencé à se rendre compte de la puissance de ces communautés en pleine croissance. Et lorsque je l'ai interpellé à ce sujet, il a tout de suite réagi en se rendant dans l'une de ces grandes églises…

P. O. - Quel a été le déclic qui vous a convaincue de passer du monde des affaires à celui de la politique?

E. R. - Premièrement, le déclic a eu lieu quand j'ai compris que nous avons malheureusement une vacance de personnalités politiques réelles. Il y a certes d'anciens dirigeants qui sont toujours là et quelques autres politiques qui arrivent, mais il y a un réel manque d'idées de développement à débattre. Secondement, la paupérisation de la population est un fait qui nous interpelle et ne peut pas nous laisser indifférents. Cette paupérisation a fortement consolidé ma conviction de l'engagement politique.

P. O. - Le fait d'être une femme ne joue-t-il pas en votre défaveur?

E. R. - Sûrement! Mais c'est le tribut à payer par tous les pionniers. Et lorsque l'on représente des idées nouvelles, nous sommes inévitablement confrontés à une forte opposition. Je pense subir aujourd'hui ce que toute personne pionnière peut subir, c'est-à-dire, l'incompréhension et la peur. Je sais pertinemment que l'accueil de ma candidature est mitigé, mais je note néanmoins qu'il y a un véritable engouement chez les femmes et les jeunes, ce qui est très encourageant.

« Les valeurs chrétiennes, en tant que vertèbres de la société,
peuvent propulser le pays si elles sont respectées par la collectivité. »

P. O. - Malgré cet engouement de la nouvelle génération à votre égard, vous dénoncez les valeurs passéistes. Madagascar est-il vraiment dans une dynamique d'évolution, de progrès...?

E. R. - Madagascar a été pendant très longtemps sous la coupe de l'animisme sous toutes ses formes. Le spiritisme a même été déifié. Rien ne se faisait sans se rendre chez le vieux qui consulte les astres. Mais heureusement cette pratique est de moins en moins courante chez les jeunes. Quand je parle de valeurs passéistes, j'évoque en fait cette tradition qui invite à consulter les esprits. Encore aujourd'hui, étant donné que je refuse ces pratiques contraires à ma foi chrétienne, certains me disent : "Vous ne serez jamais présidente car vous refusez d'aller voir le gourou du coin ou la cartomancienne!". Il y a une forte emprise de l'animisme sur la société, et je me bats personnellement pour l'instauration des valeurs chrétiennes qui reposent dans la Bible. Mon engagement traduit la conviction qu'il est possible à Madagascar de faire autre chose autrement!

P. O. - Vous affirmez d'ailleurs que la religion est garante de la morale et qu'elle doit retrouver sa juste place dans la société…

E. R. - Je n'oblige pas les gens à suivre le Christianisme, essence de ma foi personnelle, mais je proclame que le Christianisme devrait être la matrice des valeurs. Si les valeurs de fondement du Christianisme étaient respectées, beaucoup de comportements inacceptables et de guerres civiles ne verraient plus le jour. Les êtres humains trouveraient enfin ce qu'ils ont toujours cherché désespérément. Les valeurs chrétiennes, en tant que vertèbres de la société, peuvent propulser le pays si elles sont respectées par la collectivité.

P. O. - Quelle conception avez-vous de la laïcité?

E. R. - C'est l'acceptation de l'existence de plusieurs religions qui cohabitent. Ce n'est pas rejeter la religion, mais plutôt faire en sorte qu'elle soit intégrée dans la société, en vue d'une plus grande harmonie dans le vivre ensemble.

P. O.  - Selon vous, chrétiens et politique se conjuguent sans problème?

E. R. - Un chrétien doit s'engager auprès de sa communauté, dans l'objectif d'aider les autres. L'engagement est l'un des rôles majeurs du chrétien. Nous devons travailler pour la société et prouver la puissance de notre foi au travers de nos actions. Un verset de la Bible que j'aime à répéter est celui qui nous rappelle que la lumière n'est pas faite pour être mise sous le boisseau, mais elle doit éclairer l'ensemble de son environnement. Chaque chrétien a son propre ministère. Et bien que nous travaillons pour le même Dieu, nous avons chacun une mission différente à accomplir. La parabole des talents nous explique par ailleurs très clairement qu'il nous sera demandé des comptes pour tous les dons que nous avons reçus. Seul Dieu peut dire pourquoi pour l'un c'est la communication et la politique, et pour un autre ce sera couturier, ouvrier ou ingénieur… Mais ne soyons pas frileux et allons au bout de ce que Dieu nous a demandé d'accomplir. Dans cette optique, le domaine politique ne doit pas être écarté par les chrétiens.

« Je suis née de nouveau à partir du moment où
je me suis rendue compte que j'étais orpheline. »

P. O.  - Certains de vos détracteurs vous accusent de séduire par vos talents en communication mais de ne pas être une femme d'action… Quelle réponse leur formulez-vous?

E. R. - Si je n'étais pas une femme d'action, je n'aurais pas travaillé pendant 23 ans à la mise en place de filières industrielles dans des secteurs voués à un avenir très incertain. Sans titre gouvernemental, ni appui institutionnel, j'ai organisé de nombreuses actions sur le plan international, et européen en particulier. J'ai déjà emmené plus de 200 opérateurs économiques dans un pays voisin afin de conquérir un marché et de mettre en place une libre circulation entre les biens et les personnes. A presque 38 ans, je suis devenue en outre présidente des femmes entrepreneurs. Et aujourd'hui, à 45 ans, je possède seize années d'expériences auprès d'hommes politiques très puissants. Ma devise est de ne jamais chercher à être grande, mais à faire de grandes choses. Et je suis intimement persuadée qu'être vraiment maître dans quelque chose, c'est de ne jamais oublier d'abord que nous sommes esclaves. C'est l'humilité que tous les chrétiens devraient posséder. Nous ne sommes que des êtres humains dont le temps sur Terre est très court et défini par Dieu. Notre passage est voulu par Dieu, et nous ne sommes que les instruments en vue de l'accomplissement d'une mission. Ne l'oublions jamais!.

P. O. - Sur le plan spirituel, vous témoignez que votre foi est née d'une révélation, pouvez-vous nous en dire davantage?

E. R. - Je suis née de nouveau à partir du moment où je me suis rendue compte que j'étais orpheline. C'était vers l'âge de 13 ans. J'ai vécu ensuite une période de rejet de la foi et de lourdes épreuves, mais systématiquement le Seigneur a restauré ma relation avec lui. Sur le plan politique, je pensais que je ne devais être que conseillère, mais par un concours de circonstances, j'ai été convaincue qu'il fallait m'engager véritablement en politique. J'ai été alors bannie par mes pairs. Une nouvelle traversée de désert… Et c'est en plein cœur de ce désert que l'on peut retrouver les premières traces de ma vie politique. Pendant un mois, j'ai passé mon temps à prier le Seigneur afin d'être sûre de ne pas me tromper. Et j'ai reçu de sa part Esaïe 40.9.

P. O. - Votre passé dans la mode peut-il vous desservir?

E. R. - Non, au contraire, car mon passage dans la mode m'a permis de créer des plates-formes permettant de faire la promotion de tout ce qui est créatif, et de matières traditionnelles oubliées, telle que la soie malgache. C'était donc un travail dont l'apport pour le pays était positif.

Pour bâtir un pont avec les Évangéliques de Madagascar : infoschretiennes@aol.com

FlashInfo avec Elia Ravelomanantsoa : http://www.topchretien.com/topinfo/flashinfo/

Source : TopInfo .

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