J'ai passé mon enfance dans une famille bourgeoise d'une petite
ville. J'ai reçu le baptême des enfants et plus tard, j'ai fréquenté une école
du dimanche. Je priais le soir et j'étais d'avis, comme beaucoup le sont
sûrement aujourd'hui, que j'étais donc devenue automatiquement une chrétienne.
Petite fille déjà, j'avais un goût prononcé pour les choses exaltantes. À
l'instruction religieuse, j'ai souvent souhaité avoir vécu au temps de Jésus.
L'idée de parler et de cheminer avec lui, d'observer ses miracles et ses
prodiges de près me fascinait. Mais j'étais tout aussi intéressée par le
« Faust » de Goethe joué par un théâtre de marionnettes! Le fait de pouvoir
communiquer avec un esprit me donnait des frissons tout en excitant puissamment
ma curiosité...
À onze ans, j'ai assisté un jour à une mission évangélique sous une tente, dans
notre ville. Avec la simplicité d'un enfant, j'ai répondu à l'appel fait en fin
de la réunion, et j'ai donné ma vie à Jésus-Christ. Au temps de ma puberté, j'ai
cependant vécu des circonstances privées difficiles, et à la suite d'une
expérience décevante, j'ai perdu ma foi enfantine. Comment un Dieu d'amour
pouvait-il permettre une telle souffrance?
À partir de là, je me suis considérée comme athée. J'étais disposée à croire
uniquement ce que je pouvais comprendre et ce que mes yeux pouvaient voir. Je
niais aussi l'existence d'un monde invisible que j'attribuais à un temps
d'ignorance incompatible avec notre époque scientifique. Seuls les cours de
biologie m'ont toujours laissée un peu perplexe. Quelle précision et quelle
perfection dans l'univers génétique, quels phénomènes extraordinaires dans les
cellules! Malheureusement, je n'ai jamais poussé la réflexion jusqu'au bout… et
je m'en suis tenue aux théories enseignées.
Ma vision du monde ne me suffit plus
Cependant, ma vision du monde se mit peu à peu à vaciller; je cherchais LA
vérité : Alors j'ai étudié les mythologies de différents peuples. Est-ce que la
croyance humaine à des dieux pouvait être due à la visite d'entités
extra-terrestres, comme le prétend von Däniken? Ou bien, est-ce que d'autres
ethnies disposaient d'un important savoir qui aurait aujourd’hui disparu?
Je me mis dès lors à dévorer tous les livres qui prétendaient avoir quelque
chose à dire sur ce sujet. Peu à peu, il s'en est dégagé pour moi une nouvelle
vision du monde : la mort n'y était plus qu'une dissolution de l'énergie vitale
qui retournait ensuite au cosmos ou à la matière.
Mais plus j'ingurgitais de théories, plus je me posais de questions , telles
que :
« Pourquoi suis-je ici? »
« Puisque tout se dissout, pourquoi y a-t-il tant de choses belles et parfaites
dans la création? ».
Bien des choses ne concordaient pas. La quête devait donc continuer.
Et un jour, je suis tombée sur des livres qui relataient des essais d'hypnose
sur des humains. Il y était question de personnes hypnotisées prétendant avoir
vécu plusieurs fois, et se souvenir même des séances d'hypnose. Dans cette
littérature, j'ai été confrontée aussi à l'idée de la réincarnation. Le Bien et
le Mal dans une vie auraient donc des effets positifs ou négatifs sur la vie
suivante. Cette conclusion me paraissait sensée, elle correspondait à mon sens
de la justice. Cette pensée m'a incitée à faire le bien, et à rester patiemment
alitée dans un cas de maladie; c'était sans doute que j'avais à expier quelque
chose de ma vie précédente…( ?)
Ce n'est que plus tard que j'ai poussé l'analyse de cette perspective jusqu'au
bout, pour constater une fois de plus que bien des choses ne collaient pas dans
tous ces systèmes. Un exemple : malgré la maladie et l'expiation, ma « liste des
fautes » s'allongeait sans cesse. Il s'y ajoutait chaque jour de nouveaux
manquements et des points négatifs. C’était insoluble.
Ensuite, par l'intermédiaire de la mère d'un copain d'école, j'ai fait la
connaissance d'un guérisseur très versé dans l'ésotérisme, le spiritisme et le
monde invisible. Un monde nouveau s'ouvrait devant moi. J'ai rendu souvent
visite à cette maman et nous nous sommes livrées à des jeux de questions et
réponses avec des esprits, ou à faire bouger des verres.
J'ai vu alors de mes propres yeux que l'invisible existe et j'ai fait
l'expérience de forces qui surmontaient la force de la pesanteur. L'étape
suivante m'a conduite auprès d'une dame qui se livrait à des transes
médiumniques. Pour plus de sûreté, j'ai pris mon enregistreur à cassettes avec
moi. Je voulais me donner les moyens de tout vérifier soigneusement. À ma
surprise, bien des affirmations de la femme tapaient dans le mille. Elle
révélait des choses cachées — décrivant des personnes que je connaissais, avec
leurs caractéristiques…Ça semblait se tenir!
Étais-je enfin arrivée à quelque chose de concret? J'ai écouté les
enregistrements tant de fois que je les connaissais par cœur. II fut convenu
d'un deuxième rendez-vous. Curieuse, je m'y suis rendue avec mon enregistreur.
La dame est à nouveau entrée en transe et s'est mise à dire des choses
intéressantes, mais cette fois-ci, en faisant une inextricable confusion dans
les dates… Déçue, j'ai demandé à mon interlocutrice : « Qui vous fournit ces
informations? » Elle s'est mise à rire et m'a donné le nom de son guide
spirituel invisible…
Subitement, tout prenait un détestable relent de mensonge et c’est toute
attristée que j'ai quitté les lieux. Bien que cette expérience ait constitué un
coup dur pour moi, je me trouvais contrainte de poursuivre ma recherche. Alors
j’ai tenté du hasard en tirant les cartes, manié le pendule, tenu compte des
pierres précieuses, des jours de chance, de l'astrologie… et de bien d'autres
choses. Je suis retournée chez le guérisseur et je l'ai prié de m'hypnotiser
pour me questionner. À ce moment-là, je n'avais aucune idée de la suggestion et
de la manipulation par les mauvais esprits. L'hypnose n'a pas fonctionné, même
après la prescription d'une préparation homéopathique…(!) Mais, malgré toutes
ces erreurs, je sais aujourd'hui que même à ces moments-là, j'ai été sous la
protection de Dieu. Ma vie n'était au fond qu'une quête de Lui, sans répit.
Où était la vérité?
C’est à cette époque que mon amie s’étant mariée est venue s’établir en Suisse.
Un jour, elle m'a annoncé qu'elle avait confié sa vie à Jésus-Christ. Je l'ai
écoutée toute ébahie. Je ne m'y attendais vraiment pas de sa part, vu qu'elle
était très réfractaire à tout ce qui concernait les églises. Nous avons pris
rendez-vous pour un week-end, car j’étais impatiente d’avoir d'autres
précisions.
Nous avons débattu des heures durant… Et j’ai découvert là que dans le monde
invisible, il y a deux sources. Et que jusqu’ici j'avais choisi la mauvaise.
Beaucoup de mes questions ont reçu par mon amie des réponses très éclairantes.
C'était un peu comme un puzzle dont il fallait assembler les nombreuses pièces
pour arriver à un tout clairement intelligible.
C'est ainsi que j'ai pu découvrir l'offre du salut par Jésus-Christ. Il était,
et il reste, LA seule vérité qui mène à une vie sensée. C'est par lui seul qu'il
était possible de faire la paix avec Dieu, mon Créateur, et tant que je n'avais
pas cette paix, je serais restée tourmentée, sans trouver de véritable sens et
sans un but satisfaisant.
Alors j’ai commencé de noter sur une feuille de papier tout ce que j'avais
touché dans le monde occulte. La liste était fort longue. Mais ma décision était
sérieuse.
Et puis, tout simplement et logiquement, j’ai fait cette prière :
« Au nom de Jésus-Christ, je me déclare affranchie de tout ce que j'ai trafiqué
dans le monde des ténèbres avec son Prince, et je déclare que je reconnais
Jésus-Christ comme mon nouveau et unique Seigneur; Jésus, pardonne mes fautes et
entre dans ma vie. Ton évangile déclare que si je fais cela, je deviens un
enfant de Dieu... Merci de m'avoir pardonnée, d'avoir fait de moi ton enfant, et
de m'avoir délivrée du Royaume des ténèbres. Amen. »
Pendant le trajet du retour, j'ai déclaré à Dieu que je voulais aussi lui
remettre mon appartement, ainsi que tous les livres, les jeux de cartes, les
pierres précieuses et autres objets servant à des rites occultes. Arrivée chez
moi, j'ai immédiatement jeté tout ce qui était en relation avec l'occultisme.
Alors, la paix m'a envahie et toute crainte concernant le monde de l'invisible
s'est enfuie. Et le Saint-Esprit m'a attesté qu'il serait toujours autour de moi
et en moi, et que rien ne pourrait plus me nuire.
Bien sûr, je dois aussi le dire : il est vrai que tout n'est pas allé sans que
j’aie de nouvelles tentations. Au début, il est arrivé assez souvent que des
choses tombent au sol sans que personne ne les touche, surtout à l'approche de
certaines décisions importantes de ma vie. Ou que j'entende frapper étrangement
et sans raison… Mais chaque fois, j'ai invoqué le nom de Jésus-Christ, en
rejetant ces manifestations, jusqu'à ce que la situation soit à nouveau calmée.
Et avec le temps, je n'ai même plus pris garde à ces démonstrations, et j'ai
enfin vu ces manifestations cesser complètement.
À la même époque, j'ai été guérie aussi d'un rétrécissement rénal qui m'avait
beaucoup gênée, surtout au cours des années de mes pratiques occultes. Cette
guérison fut pour moi un événement majeur. Enfin, je pouvais à nouveau vivre
sans malaises et sans médicaments. Un examen aux ultrasons à l'Institut bernois
de radiographie a confirmé le bon état de mes reins. Le rein autrefois malade
dépasse même la taille de l'autre de près d'un centimètre.
Dans l'intervalle, j'avais en effet déménagé à Berne. Au cours des dix dernières
années, j'ai vécu bien des choses avec Dieu. Il a toujours été fidèle, il m'a
soutenue, il a guéri toutes les blessures de mon passé et il chemine chaque jour
avec moi. Je n'ai tout ce temps-ci plus jamais subi de menaces occultes. Dieu
m'a rendu une totale liberté. Bien des choses corrompues et des brèches dans les
« remparts de ma personnalité » ont déjà été remises en état par la douce action
du Saint-Esprit. Ce processus continue de s'approfondir et durera toute la vie,
j’en ai la certitude.
Aujourd'hui, j'ai ma propre affaire qui me procure bien des satisfactions.
J'utilise mes expériences passées pour la gloire de Dieu, lors de séminaires et
de relation d'aide. J'ai trouvé le sens et le but de cette nouvelle vie. J'ai
enfin trouvé le repos. Je remercie Dieu qui m'a adoptée et prise au sérieux,
sans jamais me laisser tomber. Dieu m'aime simplement parce que j'existe. Voilà
ce qui me donne de la paix et de l'assurance. Comme un enfant, je veux continuer
de grandir, en attendant tout de mon Père céleste.
(L’original a été publié dans la « Revue Acte ». Il a fait l’objet d’une causerie sur Radio Réveil.)
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