|
Résumés
de livres
Liste complète des
résumés >>>
QUI SONT LES ÉVANGÉLIQUES?
Par Alfred Kuen (édition Emmaüs, Suisse)
Quelques citations avec commentaires
« Qui sont-ils? Comment s'y retrouver dans la nébuleuse des «
ISMES » ? Pourquoi ne sont-ils pas tous unis?... On dit qu'ils sont près
de 200 millions dans le monde et que leur nombre est en croissance constante.
Leur influence ne cesse de s'étendre : dans les missions et les Églises du
Tiers-monde, ils sont majoritaires, dominent l'édition religieuse, multiplient
les mouvements de jeunesse et d'action, patronnent une vingtaine d'émissions
radiophoniques, et, dans les pays francophones, deux cents périodiques et un
millier d'oeuvres diverses... Pendant longtemps, ils ont été ignorés par les
Églises Officielles... »
Dans La Revue des chrétiens, Jean Baubérot, Directeur d'études à l'École des
Hautes Études (Sorbonne) de Paris dit : « Le courant évangélique est fort mal
connu en France. Beaucoup ignorent totalement son existence ou le confondent
avec des sectes plus ou moins excentriques ». Il le définit comme « une
partie essentielle du protestantisme français« , et trouve chez les
évangéliques, « un sens de la Bible, une affirmation de la seigneurie du
Christ et une vitalité spirituelle qui m'enrichit. »
Le prêtre dominicain Philippe Larère (qui les a bien connus au
Centre chrétien
de Gagnières) constate que « le regard
porté par les catholiques sur ces Églises est soit inexistant, lorsqu'ils les
ignorent… ou sévère à l'excès, voire erroné, lorsqu'ils les assimilent à des
sectes. »
La World Christian Encyclopedia nous révèle que les évangéliques étaient
52 millions dans le monde en 1900 (50,4 % de la population protestante). En 1980
ils étaient 157 millions, soit 59.9 %. Pour 2000, 258 millions, avec un
pourcentage de 74,7 %. Les évangéliques sont donc le plus important mouvement
protestant au monde. Les États-Unis comptent le plus grand nombre
d'évangéliques, dont plusieurs de leurs présidents et responsables qui ont de
hautes positions.
Les spécialistes prévoient qu'ils seront le mouvement avec la plus forte
croissance dans ce nouveau millénaire, les plus impliqués socialement et les
plus consacrés spirituellement. Kuen rajoute :
« Dans l'ensemble, les évangéliques se caractérisent par leur insistance sur
deux points :
- Ils croient que la Bible est la Parole de Dieu et
que, par conséquent, elle est l'autorité souveraine pour toutes les
questions de foi et de vie.
- Selon l'enseignement du Christ et des apôtres, ils
croient qu'on ne naît pas chrétien, mais qu'on le devient par un acte
de foi personnel en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous. »
De ces deux points découle aussi le désir de partager la
Bonne Nouvelle du salut avec ceux qui ne la connaissent pas - donc une
certaine priorité de l'évangélisation.
Billy Graham (l’un des plus connus) définit un évangélique comme :
- un chrétien qui affirme que Dieu a pris place dans sa vie
- que la Bible, considérée comme Parole de Dieu, est sa
référence en matière de foi et de comportement
- celui qui aimera s'associer à ceux qui partagent ses
convictions et son expérience.
Donc, voici les points saillants du mouvement
évangélique :
L'INNÉRANCE ET L'AUTORITÉ DES SAINTES-ÉCRITURES
Sinclair a dit : « L'évangélisme peut se définir comme un mouvement
orthodoxe, attaché à conserver et à transmettre la révélation biblique.
Il se veut l'hériter du christianisme primitif et de la Réforme
protestante. »
Et
Somerville rajoute : « Parce qu'ils sont fermement attachés au
premier grand principe de la Réforme, la « sola scriptura »
(l'Écriture Seule), les évangéliques ont le souci de ne pas s'écarter
des vérités essentielles de la foi chrétienne transmises par les
apôtres. »
Jésus répondait au diable : « Il est écrit » . Ailleurs il dira :
« N'avez-vous pas lu? » ou « Que vous a prescrit Moïse?
» ou encore « Qu'est-il écrit dans la loi? »
LA NOUVELLE NAISSANCE
La nécessité de la conversion. Jésus a dit : « Si vous ne vous
convertissez... vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu »
et à Nicodème : « à moins de renaître d'en haut, personne ne peut
voir le royaume de Dieu. » (Évangile de Jean, chap.3)
Pour l'évangélique Schweitzer : « le Dieu de la Parole est un Dieu
qui agit, que l'on prie, qui répond et qui s'intéresse à notre vie... Le
christianisme est une vie avant d'être une doctrine, et il est possible
de prendre au mot le texte biblique et d'entrer dans la réalité nouvelle
dont il parle. »
Les passages de la Bible les plus cités sont : Jean 1:12, 3:16, 4:12,
Romains 1:16, 3:23, 6:23, 8:1, Galates 2:20, etc.
La nécessité d'une foi personnelle est en contradiction avec la croyance
dans l'efficacité des sacrements. « On ne naît pas chrétien, on le
devient », a dit Tertullien.
Dans le Nouveau Testament, l'Église est décrite comme « la multitude ce
ceux qui avaient cru » .
(Actes 2 :41-47)
L'ÉVANGELISATION
Les évangéliques désirent plus que toute autre chose voir des âmes
sauvées. Ils sont ceux qui s'impliquent le plus dans les missions et
l'évangélisation.
L'accent sur l'évangélisation constitue un refus du syncrétisme moderne
qui considère toutes les religions comme équivalentes « pourvu qu'on
soit sincère... »
Les 6 grands axes de l'identité évangélique
selon Bernard Bolay, sont :
- Le rapport à Dieu, libre de tout intermédiaire.
- Le rapport décisif à l'Écriture (Sola Scriptura,
défense et illustration de l'autorité et de la véracité des Écritures
canoniques).
- L'expérience de la conversion personnelle.
- Le rapport à l'homme et au monde marqué par la
sévérité du diagnostic et par la rupture.
- Le souci missionnaire et l'évangélisation, et l'accent
mis sur les oeuvres bonnes en accord avec l'éthique révélée.
- La force de l'esprit communautaire et le caractère
confessant des Églises évangéliques.
Les protestants évangéliques sont tellement diversifiés
qu'il est parfois difficile de les regrouper. Toutefois cette diversité
n'enlève en rien leur unité dans leur foi. Ils se voient comme un
bouquet de fleurs diverses, chacun avec sa couleur et son parfum
particuliers.
Url de ce document :
http://www.bethel-fr.com
En complément :
SUCCÈS DES ÉGLISES ÉVANGELIQUES EN FRANCE
Un article daté du 6 mars 2003, qui donne un point de vue catholique
sur les évangéliques.
REPÈRES Définitions
Il existe des Églises dites « évangéliques » et des courants
évangéliques qui parcourent des Églises considérées comme non
évangéliques (l'église anglicane ou presbytérienne, par exemple). Le
qualificatif « évangélique » est revendiqué par des Églises ou des
chrétiens qui manifestent leur attachement à la bible comme seule base
de leur foi. Dans les pays germaniques, il recouvre souvent l'adjectif
français « protestant » (en opposition à « catholique »).
Au sein des évangéliques, on distingue deux tendances principales : la
tendance fondamentaliste se caractérisant par des positions religieuses,
bibliques et morales très strictes ainsi que par une eschatologie
prémillénariste et un pessimisme à l'égard du monde; la tendance
ouverte, en dialogue avec le monde et la culture environnants et ne
rejetant pas le dialogue oecuménique.
À lire
-
Billy Graham, « pape protestant »? de Sébastien Fath, Albin
Michel, 305 p., 22 Euro.
-
L'essor des églises évangéliques, de Philippe Larère, éd.
Bayard-Centurion, 1992
- Les Églises évangéliques libres 1849-1999, de Claude
Baty, éd. LLB, 1999
- Qui
sont les évangéliques? de Alfred Kuen, éd. Emmaüs, 1998 (voir
ci-dessus) Réf*
Évolution du nombre d'Églises évangéliques
La composante évangélique est aujourd'hui majoritaire au sein du
protestantisme français par le nombre de ses implantations locales
(1 800 contre 1 400 pour les implantations réformées et luthériennes).
Leur nombre a plus que doublé en trente ans (1 800 aujourd'hui contre
environ 800 en 1970). Quelque 20 % des Églises évangéliques sont membres
de la Fédération protestante de France (FPF), 10 % préfèrent (pour
l'instant) rester indépendantes, les autres faisant partie de la
Fédération évangélique de France (FEF) ou d'autres organisations
évangéliques (comme les Assemblées de Dieu ou l'Alliance évangélique
française).
Le développement des diverses tendances
La catégorie « Églises diverses » (avec 630 Églises, soit 35,6 % du
total) regroupe des Églises indépendantes et des structures minimalistes
tels les darbystes (100 Églises) ou les mennonites (27 Églises) dont les
racines historiques remontent au XVIe
siècle.
La catégorie « Pentecôtistes » (658 Églises, 37,2 %) comptabilise
principalement les Assemblées de Dieu (372 églises), ainsi que la
Mission évangélique tsigane de France (METF) fondée en 1946.
La FEF (Fédération évangélique de France, fondée en 1969, avec 302
églises, soit 17,1 %) regroupe de petites unions d'églises et des
églises autonomes, souvent de création récente.
La CEEU (Confédération des Églises évangéliques unies, soit 178 Églises,
10,1 %) est une base de collaboration étroite entre la Fédération des
Églises évangéliques baptistes de France (FEEBF, avec 122 églises)
fondée en 1910 et l'Union des Églises évangéliques libres (UEEL, avec 58
Églises) fondée en 1849.
Ce découpage en quatre composantes ne correspond pas (ou plus) à des
cloisonnements sur le terrain, la plupart de ces groupes participant à
la plate-forme commune du Conseil national des évangéliques de France (CNEF),
créé en janvier 2002.
L'étonnant succès des Églises évangéliques
Avec près de 1 800 lieux de culte et quelque 350 000 membres en France,
le courant évangélique ne cesse de progresser depuis une trentaine
d'années. Le centre du renouveau chrétien, installé à Villemomble
(Seine-Saint-Denis), depuis 1984, ne désemplit pas en ce dimanche matin.
Les cultes de 9 heures, 11 heures et 13 heures font salle comble avec, à
chaque fois, 150 fidèles, majoritairement noirs et antillais. Mot
d'accueil, chants de louange (soutenus par une chorale, une batterie,
deux guitares et un piano électriques), témoignage personnel,
prédication du pasteur Jacques Chlepko et appel final pour « demander à
Jésus de changer ma vie », se succèdent sans une minute de répit.
Les autres jours, des fidèles dynamiques se chargent d'animer 45 groupes
de prière de quartier, des équipes de foot, de danse ou de théâtre pour
adolescents, une chorale pour enfants, de la distribution alimentaire
pour les pauvres. Bref, cette Église évangélique tendance charismatique,
où sont célébrés une quarantaine de baptêmes d'adultes chaque année, est
sans conteste « jeune et très vivante », selon l'expression de Jeanine,
23 ans, membre de l'équipe d'intercession, ou de Philippe, responsable
de l'accueil. Tous les deux sont des « convertis » : Jeanine, d'origine
catholique, a été guérie ici d'une étrange maladie il y a cinq ans;
Philippe, d'origine mauricienne et hindoue, a été « touché » il y a
douze ans.
L'église de Villemomble est l'une des 135 églises de la Fédération des
églises évangéliques baptistes de France (FEEBF), elle-même affiliée à
la Fédération évangélique de France (FEF) qui totalise 302 Églises sur
un total de 1 768 Églises évangéliques de toutes dénominations (voir
ci-contre). Des chiffres impressionnants et qui ne cessent d'augmenter
depuis une trentaine d'années, au rythme, dit-on, d'une implantation
nouvelle tous les dix jours. Au point que la composante évangélique est
aujourd'hui numériquement majoritaire au sein du protestantisme
français.
Ces Églises font une large place au choix
personnel
Les sociologues des religions ne manquent pas d'hypothèses pour
expliquer cette forte croissance : besoins de certitudes et de repères
dans une modernité désenchantée, recherche de sociabilité chaleureuse
dans une société atomisée, désaffection pour l'autorité hiérarchique. «
Avec leurs pasteurs élus et leurs baptêmes conférés à des adultes
convertis, les communautés évangéliques mettent en avant le choix
personnel », souligne Sébastien Fath, sociologue au CNRS et auteur
d'une récente biographie de Billy Graham (lire ci-contre). Les églises
évangéliques sont, en effet, généralement de type « congrégationaliste
», avec autonomie de l'assemblée locale, ce qui permet une vie de
réseaux à la fois serrée et souple. Cette organisation s'explique, selon
le pasteur Étienne Lhermenault, secrétaire général de la FEEBF, par «
la conviction que l'Église du Christ est pleinement représentée dès
qu'une congrégation (c'est-à-dire 2 ou 3 personnes) est réunie ». Il
faut dire aussi que les évangéliques sont prosélytes : « Le coeur de
leur identité est l'évangélisation », insiste Sébastien Fath,
lui-même élevé dans la foi baptiste après la conversion de ses parents,
luthériens d'origine. En France, ce souci d'évangélisation se manifeste
diversement : distribution de tracts sur les marchés, porte à porte dans
les cités, retransmissions d'émissions télévisées (notamment celles du
luthérien évangélique Ulrich Parzani proche des télévangélistes
américain), grands rassemblements permettant de ficher des milliers de
participants.
Enfin, dernière explication, le message des évangéliques est simple,
leur acte de foi s'articulant autour de quatre points essentiels : Jésus
sauve, Jésus baptise du Saint-Esprit, Jésus guérit, Jésus revient.
Quatre points que l'on retrouve dans la définition du protestantisme
évangélique par l'historien américain David Bebbington (1989) :
focalisation sur la conversion (avec changement de vie), normativité de
la Bible (lue quotidiennement), importance de la Croix et engagement
individuel (généralement exprimé par le baptême d'adultes par
immersion).
Pour les évangéliques, en effet, « on ne peut pas confesser la
Seigneurie du Christ sans être baptisé du Saint-Esprit », résume le
pasteur Claude Baty, pasteur de la paroisse évangélique d'Alésia (Paris)
affiliée à l'Union des Églises évangéliques libres (UEEL). C'est pour
cela que ces Églises, en France, ne baptisent qu'à partir de l'âge de
13-14 ans, quand l'enfant peut attester de sa foi en Christ. Cette
profession publique, qui se fait sous forme d'un récit de vie, est
précédée par des entretiens pastoraux pour vérifier le sérieux de la
démarche et apporter un enseignement de base. « Nous nous fions à la
parole des gens, même si ceux-ci sont mus par un enthousiasme peu
éclairé, reconnaît le pasteur Lhermenault. Les années montreront si
c'était du solide! »
Pourtant, bien des aspects des évangéliques pourraient être considérés
comme peu attirants. Opposés au concubinage, au divorce, à l'avortement,
aux fécondations in vitro et aux actes homosexuels, ils incitent
vigoureusement les nouveaux membres à régulariser leur situation privée
avant le baptême. « Sur ces questions, les évangéliques se sentent
davantage en concordance avec les positions catholiques qu'avec celles
des Églises protestantes traditionnelles », souligne le pasteur
Baty. Ils sont opposés à toutes dépendances à l'alcool, aux drogue,
voire au tabac. Depuis quelques années, toutefois, certaines Églises
évangéliques ont davantage mis l'accent sur l'éthique sociale. Ainsi, en
l'année 2000 (jubilé oblige !), la FEEBF a voté trois résolutions pour
une remise de la dette des pays les plus pauvres, pour la paix au Kosovo
et pour l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées
dépendantes.
Les évangéliques apparaissent également conservateurs à propos de
l'accès des femmes au ministère pastoral. Une enquête réalisée par la
FEEBF
(1) sur la
place des femmes dans les Églises montrait que, dans 52 % des Églises,
les femmes ne président jamais le culte et que dans 69 %, elles ne
prêchent jamais. « Alors que la première femme pasteur en France,
dans les années 1930, était baptiste, rappelle Claude Baty, on
n'en compte qu'une actuellement au sein de l'UEEL. » Cette question
devrait d'ailleurs être abordée au prochain congrès de la FEEBF qui a
lieu chaque année à l'Ascension. « On souhaite y adopter un texte
commun pour aller de l'avant sur cette question des femmes pasteurs
», explique Étienne Lhermenault. Mais le vote définitif ne se fera qu'en
2004. Une question sensible donc. D'autant que les Églises évangéliques
ont une certaine propension à se diviser. Une fragilité dont elles ont
conscience, comme le prouve leur récent engagement à dépasser leurs
scissions et à « Évangéliser la France ensemble ».
Autre fragilité de ces Églises : l'inégalité de formation des pasteurs.
« La plupart sont très bien formés mais quelques-uns sont plus
autodidactes et n'ont d'autre légitimité que la reconnaissance de leurs
fidèles, reconnaît le pasteur Lhermenault. Or un pasteur engage toujours
le nom de la fédération. » Ces dernières années, la FEEBF a donc mis
en place quelques critères avant de reconnaître un pasteur. Celui-ci
doit faire preuve d'une « aptitude à se former » et être capable de «
se positionner face aux autres à la bonne distance ». Il lui faut
suivre trois ou quatre ans d'études à l'institut biblique de
Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) fondé en 1921 ou à la faculté libre de
théologie évangélique de Vaux-sur-Seine (Yvelines) fondée en 1965. Il
effectue ensuite un stage d'un an auprès d'un collègue puis encore deux
années de « proposanat ». Enfin, six sessions annuelles de trois jours
sont proposées à tous les pasteurs de l'UEEL et de la FEEBF dans le
cadre de l'école pastorale de Massy, créée il y a une vingtaine d'années
et dirigée par le pasteur Louis Schweitzer, ancien secrétaire général de
la Fédération protestante de France.
Ce contrôle des pasteurs permet aussi de vérifier leur ouverture
oecuménique. Si la plupart des Églises évangéliques affiliées à la FEEBF
ou à l'UEEL participent à la Semaine de prière pour l'unité des
chrétiens et entretiennent des rapports cordiaux avec les paroisses
catholiques voisines, il existe toujours des évangéliques qui rejettent
le catholicisme, parfois de manière primaire. « Ils nous considèrent
encore souvent comme des idolâtres du fait de notre vénération de Marie
et des saints », sourit le P. Guy Lepoutre, jésuite proche des
milieux évangéliques et travaillant de longue date à «
l'apprivoisement des uns et des autres ». Un travail qui lui permet
d'apprécier, chez les évangéliques, « un fort amour de Jésus-Christ
et une conception du combat contre les forces du Mal que les catholiques
ont un peu perdu de vue. Ils ont une manière directe et tonique
d'annoncer le Salut », poursuit le P. Lepoutre.
Une annonce de l'Évangile au plus proche du quotidien
Il est vrai que les évangéliques n'ont pas peur d'aller vers ceux qui ne
franchiraient jamais le seuil d'une église et de les aider à sortir de
leurs difficultés de divorce, de chômage, de dépression, d'alcoolisme.
Ainsi, Jean-François Serres (fils du philosophe Michel Serres) devenu
évangélique après sa conversion, il y a onze ans, a choisi de
s'installer avec son épouse et ses quatre enfants comme responsable du
développement social dans une cité difficile de Bobigny
(Seine-Saint-Denis). Là, depuis sept ans, il visite les familles
isolées, coordonne des activités associatives et artistiques, fait du
soutien scolaire.
« Notre choix de partager les conditions de vie de ces familles est
sous-tendu par l'Évangile », explique-t-il. Rattaché à la Mission
intérieure baptiste (MIB, affiliée à la FEEBF), Jean-François Serres qui
n'est pas pasteur mais « responsable d'oeuvre » a lancé un groupe
de prière dans le quartier, qui rassemble chaque semaine une vingtaine
de personnes. Pour lui, la légèreté des structures évangéliques est un
atout et « le plus grand scandale n'est pas le manque de formation
pastorale mais le peu de chrétiens qui viennent vivre avec les pauvres!
»
Même constat de la part de Bruno Berthon, catholique engagé dans sa
paroisse de Neuilly-sur-Seine et président, depuis 1983, de la
Communauté française des hommes d'affaires du plein Évangile,
association fondée aux États-Unis en 1952 par l'évangélique pentecôtiste
Demos Shakarian et qui organise des petits déjeuners d'évangélisation. «
On nous reproche souvent une manière d'annoncer l'Évangile trop
simple, résume-t-il. Mais il faut bien commencer par prendre les gens là
où ils en sont, dans leurs relations de couple, leurs problèmes
d'éducation des enfants ou leur stress professionnel! » Et puis,
conclut Bruno Berthon avec humour, si « les évangéliques font
beaucoup de nouveau-nés, les catholiques, eux, font quelques géants!
»
Claire LESEGRETAIN
(1) « Les
ministères féminins », in Les cahiers de l'école pastorale,
hors-série n° 3, septembre 2001 – (Rens. : 01.47.89.90.60).
(La Croix) ajouté le 8-3-2004 - Url de ce document :
http://www.bethel-fr.com
- FIN -
|