 Témoignages
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MURIEL ROSSINI
Je voulais à tout prix sauver ma jambe
Rentrer tout droit dans une voiture avec mon scooter, à deux heures du matin, une nuit de mai 2002, pour une raison que je ne connaîtrai jamais... Me briser bras, poignet, bassin et fémur, et reprendre conscience en salle de réveil, après huit heures d'intervention chirurgicale... Ainsi commence la tranche de ma vie que j'aimerais partager avec vous.
Deux opérations sans succès
Je me suis révoltée pour commencer, accusant Dieu de ne pas avoir pris soin de moi. J'étais bien d'accord qu'on prie pour moi, mais pas à mon chevet... Après quelques semaines, j'ai accepté de recevoir l'onction d'huile (selon la Bible : Épître de Jacques, au chapitre 5, les versets 14-16).
Bras et bassin se sont bien rétablis. Pour une femme de plus de soixante ans, je ne pouvais que remercier Dieu. Mais le fémur refusait toute calcification. À sa décharge, il faut dire qu'il manquait plusieurs centimètres d'os, et que la fracture se présentait en dent de scie. Quelques semaines après mon retour à la maison, la plaque s'est descellée.
Une deuxième opération avec greffe a été alors tentée. Toujours sans résultat. La plaque a fini pas se casser. L'orthopédiste consulté pensait qu'il faudrait amputer ma jambe.
À la recherche d'un miracle
Trop, c'est trop. Je choisis, avec l'aide très active de mon mari, de me battre spirituellement. Et c'est là que j'ai fait un acte de foi qui me surprend encore : j'ai renoncé à me rendre à l'Hôpital, et me suis promenée ainsi, à mes risques et périls, pendant plusieurs mois, avec ma jambe cassée et ma prothèse, qui s'affaissait progressivement.
Nous sommes allés à la recherche de gens qui prient pour les malades. Objectif : sauver ma jambe. On les a trouvés à Oron-la-Ville, où ont lieu des cultes pour les malades, avec des pasteurs ou des groupes de prière éprouvés, et avec des paroissiens de Carouge (Genève). Parallèlement, nous avons cherché d'autres avis médicaux ailleurs.
Votre fémur est guéri !
Je trouve enfin à Lausanne un chirurgien qui propose une alternative intéressante : elle a cependant un défaut... elle nous coûtera 600 francs suisses par jour, car l'assurance médicale ne veut pas couvrir un tel traitement hors de mon canton de Genève. Mais pour ma jambe sauvée, nous sommes prêts à payer ce qu'il faudra.
Mais à tant prier, je commence à avoir des certitudes intérieures, et durant un moment de recueillement, je reçois la conviction que cette opération pourra bien se faire à Genève. Je suis donc prête à me battre pour l'obtenir dans ma ville. Et, curieusement, les démarches pour trouver un chirurgien genevois disposé à pratiquer ce genre d'intervention progressent cette fois-ci facilement, et dans la bonne humeur.
Une troisième opération a donc eu lieu en juillet 2004. Pour sauver ma jambe, ce chirurgien a choisi de la raccourcir... Des règles sévères président cependant à mon rétablissement : fauteuil, repos, jambe surélevée... Mais à la deuxième radiographie déjà, des taches blanches montrent que la calcification est bien en route. Enfin, en novembre 2004, le chirurgien m'annonce : « Madame, votre fémur est guéri ! ».
Mais ce n'est qu'à la dernière visite chez ce chirurgien que j'ai pris conscience du véritable miracle que je venais de vivre. Pour la première fois, je venais le voir debout, avec mes cannes et non plus en fauteuil roulant ! Il a été tellement ému de me voir ainsi qu'il m'a prise dans ses bras en me disant : « On y est arrivé, Madame, on a gagné ! ». Et pour la première fois, je l'ai entendu parler des doutes qu'il avait eus quant au résultat de cette opération de la dernière chance; et il en était très fier.
Je remercie tous ceux qui ont prié pour moi, ou qui m'ont rendu service. Ces deux ans et demi de galère ont eu aussi de bons côtés : j'ai pu éditer un livre sur l'adoption, mieux apprendre l'informatique, et mon mari est devenu très doué en ménage !
Muriel Rossini.
- FIN -
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