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 Résumés de livres
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LA CREATION DU MONDE
Par Jean d'Ormesson - Éditions Robert Laffont
(1e partie)
INTRODUCTION
N.B.- J'ai résumé pour vous ce livre admirable. Quand vous aurez lu mon résumé, achetez le livre qui restera pour vous un document de grande valeur, en bonne place dans votre bibliothèque, et à relire souvent.
D'Ormesson, de l'Académie française, l'auteur publie un rêve : 8 jours des vacances de quatre amis dans une île de la Méditerranée, dont l'un qui a pris avec lui un manuscrit de Simon Laquedem (Simon dans mon texte). Ce Simon a reçu la parole d'un ange qui lui explique non sans humour la Création du monde, comme une odyssée allègre de l'esprit universel. Ils lisent et commentent le texte de Simon, durant toutes leurs vacances.
Les 63 premières pages sont un peu décevantes, car elles expriment au fond ce que sont les rêves et les songes de l'auteur, certes avec un brio extraordinaire, au point de vue littéraire, mais quasi comme extérieures au sujet véritable. Tout change soudain, quand Simon reçoit une inspiration, un vrai songe par son ange, à la page 64 du livre.
« Une nuit, Dieu m'appela. Sa voix était forte et douce. Elle disait : Simon, Simon... J'étais transi de frayeur. Ma langue refusait toute obéissance. La voix répéta : « Simon. »... Je pleurais... - Ne crains plus Simon. Je suis ton Seigneur et ton Dieu. Je me redressai... et calmé, je répondis d'une voix ferme : « Parle Seigneur. J'écoute et j'obéis. »
Et s'installe un dialogue durant tout le reste de l'ouvrage avec des merveilles de réflexions spirituelles ...
La voix de Dieu s'éleva :
- C'est Moi qui ai peur – pas pour Moi, mais pour vous! Pour les hommes qui courent à leur perte et ne le savent pas.
- Je ne comprends pas Seigneur, Tu peux tout, les hommes t'appartiennent comme le reste de l'Univers. Tu peux à Ta guise les laisser se perdre ou se sauver!
- Non dit, Dieu, les choses ne sont pas si simples...Dès le début les hommes se sont séparés de Moi...Par ma volonté, et pour qu'ils puissent être libres, le mal s'est glissé entre eux et Moi...Dieu se rit surtout des hommes qui se plaignent des effets dont ils chérissent les causes!
- Seigneur, lui dis-je, Tu es le début et l'origine de tout, l'alpha et l'oméga, si Tu n'étais pas, je ne serais pas.
- Oui, Je suis celui qui est. Le monde lui n'a pas toujours existé. Qu'y avait- il au début, avant l'apparition de l'univers et du temps?... il n'y avait rien... ou plutôt : il y avait le néant et Moi....Toi tu vis dans l'espace et le temps comme un poisson dans l'eau...mais il y a eu avant le temps, et il y aura après le temps, une autre réalité...
Alors interviennent les copains en vacances, avec des remarques terre à terre, ou historiques, puis le duel reprend avec Dieu :
- Avant le monde, avant le temps, il n'y avait RIEN : pas d'organismes, pas de particules de matière! – le néant – tu ne peux même pas le penser, car tu ne peux sortir de l'espace et du temps!... Vous êtes le Rêve de Dieu. Je suis la seule réalité. Le Néant, c'est Moi : Je suis l'absolu, l'infini, l'éternel... Dans ce monde passager que J'ai fait sortir du néant, il reste quelque chose de cette éternité dans la mort qui vous frappe tous, après une vie (le temps d'un éclair). Tout ce qui est né n'est donc pas tout à fait sorti du néant, où il est aussitôt replongé... Ce que vous devez comprendre, c'est que le néant était tout; le rien et le tout se confondant. Personne ne pourra jamais Me voir, ni Abraham, ni Moïse, ni Mahomet, ni personne...et personne ne songe même à le dire : Je suis « Le Dieu inconnu. »
Alors, je me réveillai, prosterné... dans la nuit obscure, dans un bonheur indicible.
Dans la conversation des copains en vacances qui suit – très terre à terre, naturellement – les critiques fusent : qui était ce Simon? – ce n'est qu'une variété insensée et risible de l'odyssée de l'esprit... – un illuminé, naïf, mais aussi roublard, et peut-être truqueur – un cas de folie mystique? – François (le scientifique du groupe) – déclare que c'est bourré d'erreurs et de contresens. Que le temps ne soit pas éternel, qu'il ait surgi d'une explosion primitive n'est pas prouvé du tout. Il n'est même pas sûr qu'un néant l'ait précédé : le big bang n'est qu'une hypothèse ... Les lois que nous connaissons se heurtent, il y a quinze milliards d'années, à un espace infranchissable, le mur de Planck... etc.
Reprise de la lecture du livre de Simon :
« Je m'endormis. Le Seigneur était là de nouveau et Il me parlait » :
- L'Éternel est néant, l'éternel est esprit. L'Esprit saint flottait sur le néant sans bornes. Le néant et l'esprit étaient indiscernables. Ne va pas croire Simon ceux qui répètent avec fausseté que le hasard est au début des choses. A l'origine est l'Esprit, et non pas le hasard... Certes, avant même l'origine, le mal est déjà là. Il participe avec l'esprit au rejet dans le néant du néant primitif... Les hommes n'ont jamais cessé de s'interroger sur le Mal. Dieu Lui-même a besoin du mal, parce qu'il faisait surgir le monde du néant infini... Je peux, si tu le préfères, parler sous forme de mythe : Dieu s'ennuyait dans sa solitude et dans sa stérile éternité. L'infini Lui parut vide... alors Il tira le monde du néant, et il donna à l'homme - sa créature la plus achevée - la capacité de choisir entre le Bien et le Mal... Certes, des milliers d'autres mythes ont été inventés, mais jamais rien n'a été prouvable! – Tu as réussi, lui dis-je. Impossible de rien prouver, ni dans un sens, ni dans un autre!
- Impossible en effet, La science remonte jusqu'aux premières secondes de l'Univers... mais elle n'a pas progressé d'un pouce dans la découverte du « Pourquoi? »... et elle n'avancera jamais, parce que ce n'est pas son affaire. Dieu est d'un autre ordre que la science et le génie des hommes. Ne crois pas ceux qui te disent que le monde a été créé par un vieillard à barbe blanche, ni ceux qui proclament que l'univers s'est fait tout seul, par hasard. Ni les fables, ni les doctrines des autres...crois en un Dieu caché et tout-puissant, de sagesse et d'absence.
Votre univers sortait alors du néant, et il n'était (presque) rien... et il était déjà presque tout! Il était le milliardième du milliardième d'une pointe d'épingle. Sa température s'élevait à des milliards et des milliards de degrés et sa masse dépassait tout ce que tu peux imaginer... mais dans cette pointe d'épingle dormait, déjà présent, encore absent, tout l'univers à venir et toute l'histoire des hommes. Je voyais comme un berceau qui grandissait à vue d'œil : c'était ce premier millième de seconde...Simon, l'Univers qui va jaillir de mon esprit et de la pointe d'épingle sera inouï et très beau. Pour vous, il sera immense. Et pour moi, minuscule. Et tout y sera nouveau, puisqu'il sort du néant. Beaucoup le diront infini, mais il n'y a d'infini que le néant et Moi. Je n'ai jamais existé et je n'existe pas, Je suis. Et je fais exister, éclore du néant tout ce qui existe à vos yeux...
Des sons s'élevaient... des couleurs vives... des éclairs... des formes... Les hommes dans leur orgueil s'imaginent avoir inventé la splendeur des mathématiques : les nombres qui sont au cœur des choses et leur organisation... mais ils sont inscrits dans le ciel des idées : les nombres sont le chiffre de Dieu. Dieu se cache dans la mathématique! Je suis l'Un. Dans votre onde, il n'y a pas de limite à la série des nombres : vous n'atteindrez jamais la vérité, comme vous ne parviendrez jamais à l'infini.
D'autres choses encore auront avec vous des liens subtils et cachés, par exemple : la beauté. Les nombres sont La Loi; plus légère et mystérieuse sera la beauté. L'univers sera beau, et les galaxies et votre Terre sera belle! Toute votre nature, et votre corps, vos mots, vos yeux... seront beaux! Et vous, vous créerez aussi de belles choses...
Nous voici arrivés au quatrième jour des vacances de nos quatre Robinsons rêveurs. Pendant longtemps, écrivait Simon, je n'ai plus eu de nouvelles de Dieu; et soudain il m'a parlé à nouveau, mais dans un décor tout différent. La voix reconnue me disait : – Simon, qu'est-ce que l'Éternité? (Naturellement des images de mon enfance me revenaient...)
- Non, dit Dieu : tu dois penser autrement. L'éternité n'est pas un temps interminable. C'est une absence de temps. Une image familière vous est offerte : c'est la mort. Eh! bien, les morts sortent du temps, ils retournent au néant, ils se jettent dans mon sein... Ils regagnent le royaume sans frontières qu'ils avaient quittés en naissant, pour entrer dans le temps... Le temps est – avec l'espace qui est du temps dégradé – la pierre sur laquelle j'ai construit l'Univers. J'ai séparé le tout du rien. Le projet de l'esprit fut qu'il y eût quelque chose. L'espace et le temps sont chargés de distinguer le phénomène et de les unir entre eux. L'un et l'autre représentent une invention et une nouveauté radicale. Et qui ne doivent rien au hasard.
- Seigneur, dois-je alors comprendre que l'espace et le temps sont à la source de l'Univers?
- Bien sûr que non. Ce qui est à la source de l'univers c'est l'esprit, auquel tu peux aussi donner le nom d'énergie. Sans lui l'espace et le temps sont incapables de créer! L'espace est une trouvaille, car rien dans le néant ne pouvait l'annoncer, tout serait resté confondu en un tohu-bohu démentiel! Mais l'espace unit et aussi distingue, il est mathématique, en trois dimensions, attaché à la rigueur des nombres. L'espace et le temps sont mes jumeaux inséparables, je les ai aimés d'un même amour.
- Seigneur, tu viens de me dire que le temps ne créait rien?
- C'est vrai, mais il transforme tout; il développe ce qui existe Il fait pousser la moisson. Qui crée? C'est moi...et un peu toi, dans une certaine mesure (tu crées des systèmes, des musiques, des scènes imaginaires, des livres...) Moi, j'ai créé ma pointe d'épingle, et je l'ai confiée au temps pour qu'il la change en histoire et en univers... La pensée des hommes est indépendante de l'espace. Elle le domine. Le temps, au contraire, emporte avec lui : les sentiments, les passions, les rêves et la pensée. Et la pensée s'empare du temps, elle invente des catégories arbitraires (secondes, minutes, heures...siècles, ères géologiques...) et les trois personnes du temps : le passé, le présent et l'avenir. Dans quoi vivez-vous?
- Dans le présent, m'écriai-je.
- Vous ne cessez jamais de vivre dans le présent. Du berceau à la tombe, vous ne quittez jamais cette fragile éternité : l'instant présent. A peine as-tu dis « maintenant » que ta parole a déjà disparu dans la nuit du passé. Ah! comme il est frêle, le présent, entre ces deux masses énormes et également menaçantes que sont le passé qui n'existe pas et l'avenir! Et tout le désespoir du monde est dans ces mots : « à jamais ». A la limite, on peut dire que le présent n'existe pas...et il est pourtant le seul à exister, Je suis le Dieu caché. La trace éclatante de la réalité de l'esprit, je l'ai laissée dans le temps. Parce que les hommes vivent dans le temps, ils sont plongés dans mon mystère.
Au début, tout va surgir de l'explosion primitive; le passé n'existe pas, il n'y a que de l'avenir. L'histoire ne commence qu'avec la promesse : il n'y a qu'à espérer. Ensuite, l'univers n'est qu'une machine à créer du passé. A l'origine, l'avenir est tout et le passé n'est rien. A la fin, il n'y aura plus d'avenir et le passé sera tout. Et le vainqueur en définitive sera le passé, appuyé sur la mort.
J'étais brisé de souffrance et je me mis à pleurer.
- Ne pleure pas, me dit le Seigneur, Même Dieu souffre du monde. Cesse un peu de penser à toi, pense à l'éternité. Elle ne sera plus jamais la même après le passage du temps.
Et la voix s'était tue. Effondré dans le chagrin, je riais dans mes larmes devant l'éternité.
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