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Q8 – Créationnisme ou Évolutionnisme?
(1ère partie)
1. Introduction
C'est une question qui se pose de plus en plus pour les chrétiens,
dans notre monde occidental, avec les découvertes scientifiques modernes qui
augmentent de façon accélérée. Malheureusement, le totalitarisme attaché à ces
deux façons de voir est de plus en plus insupportable, car à coups d'arguments,
il semble qu'une vision commune soit impossible. "Y a-t-il un Dieu
Créateur qui agit dans cette création hors des lois naturelles?", ou
bien est-ce "une évolution par le Hasard et la Nécessité qui a abouti
à l'Homme?", telle est en somme un autre énoncé de cette difficile question.
Nous ne parlerons pas ici de l'évolutionnisme, dont un chrétien ne peut à la base
accepter la théorie. Allez voir en effet l'intelligence du hasard! Et si jamais,
même avec l'aide de la "nécessité", il est capable de construire et surtout de
continuer une construction quelconque... En sont témoins, les innombrables
joueurs qui perdent toujours (au moins leurs illusions!) en croyant aux effets
bénéfiques du Hasard! Nous examinerons donc ici plutôt les idées des Créationnistes.
2. Le créationnisme est-il scientifiquement recevable?
De nombreux auteurs se sont penchés sur ce problème, surtout
depuis le bruit que font les Créationnistes en refusant aux enfants un
enseignement scientifique de la biologie, dans certains États américains.
Parmi
bien d'autres auteurs scientifiques qui traitent de ce problème, je citerai
simplement Christian NITSCHELM en Astrophysique (1),
Didier GENEY (2) en Géologie et Paléontologie, et
Luc PLATEAUX en Biologie (3), le tout résumé dans
un site Internet que les intéressés peuvent consulter facilement, ou dans un
livre récent qui est excellent quant à ce sujet (4).
À partir de la Bible, disent les Créationnistes (je résume...), Dieu aurait créé
l'Univers, puis la Terre en 6 jours (selon le chapitre premier de la Genèse pris
à la lettre), il y a quelques milliers d'années - entre 6 000 et
12 000 ans, selon leurs auteurs, en passant rapidement de la matière à la
vie végétale, puis animale, et à l'homme actuel, qui serait descendant d'un couple
créé par Dieu il y a environ 6 000 ans au Proche Orient, et toute l'humanité
en serait issue. Puis, il y a 3 000 ans environ, un déluge recouvrant toute
la Terre aurait anéanti toute vie animale, dont les dinosaures et les hommes
(sauf Noé et sa famille).
Leurs arguments sont des versets bibliques d'une part, et ce qu'ils appellent
des failles dans les théories scientifiques. Certains de leurs arguments
paraissent, il est vrai au premier abord assez puissants :
Plusieurs théories scientifiques, concernant la formation de la Lune, par exemple,
ne sont pas encore très clairement démontrées, malgré nos incursions sur cet astre,
notre voisin le plus proche. De même en physique, des critiques sur les principes
de la Thermodynamique - qui disent notamment que le désordre (l'entropie d'un
système) ne peut que s'accroître dans le temps - sont naturellement en
opposition avec le développement de la vie, ou avec toute évolution constructive
d'un système quelconque (fixisme).
En géologie, les Créationnistes essaient de prouver le Déluge et l'âge peu élevé
des roches. Ainsi les couches géologiques seraient le résultat d'une inondation
rapide, et non d'une sédimentation lente. D'autres arguments reposent sur quelques
failles actuelles des théories scientifiques, mais ils ne portent que sur quelques
cas particuliers, p. ex. des inversions locales de couches géologiques, etc. etc.
En biologie, l'argument principal est de dire qu'on n'observe pas d'évolution des
espèces dans les temps historiques, et que l'on manque de preuves concernant des
chaînons manquants. Les calculs statistiques sur la probabilité d'apparition de
la vie démontrent (selon les Créationnistes), que seule la Terre a bénéficié du
miracle de la vie, son apparition naturelle étant quasi improbable. Ils mettent
aussi en évidence diverses failles dans les théories évolutionnistes actuelles
(problème des mutations positives, etc. etc.).
En zoologie, seuls les textes bibliques sont admis. La répartition des espèces
après le déluge doit leur faire imaginer des hypothèses hardies, par exemple :
des ponts entre les continents, qui se seraient effondrés ou noyés par la suite.
Leur ouvrage le plus significatif est "Le Monde qui a péri" de
J.C. WHITCOMB Jr.(5). Ce livre explique que c'est
par un tel pont que les kangourous (qui vivaient alors au Proche Orient) sont
passés en Australie; par un grand pont qui existait entre l'Asie et l'Australie,
car (pense l'auteur) le niveau des océans était beaucoup plus bas durant la
période glacière de cette époque, qui bloquait de grandes quantités d'eau dans
les pôles...
Les scientifiques ont établi que les dinosaures ont disparu (quasi tous) il y a
65 millions d'années (et beaucoup d'autres espèces animales et végétales en même
temps, après la chute d'une immense météorite), mais les Créationnistes disent
qu'ils ont vécu à la même époque que l'homme. Ainsi, le brontosaure aurait vécu
jusqu'à il y a 2 000 ans avant Jésus-Christ dans certaines
vallées du Proche Orient, car Job en parle (6),
(sous le nom de béhémoth); toujours selon les Créationnistes,"il ne s'agit
pas de l'hippopotame comme l'on a traduit généralement ce terme, puisque le texte
dit :" sa queue est comme un arbre".
D'autre part, près de mille lézards-dragons survivent dans la petite île
indonésienne de Komodo... et un oiseau dinosaure de 3 m. et pesant 3 tonnes
existe encore à Madagascar. - Auraient-ils échappé au Déluge? (6).
Les arguments principaux (et difficiles à concilier avec la science) ont trait
au texte de la Genèse concernant précisément
ce Déluge, surtout que pour nous chrétiens, le Seigneur Jésus lui-même en parle
expressément (7)(8).
Et l'apôtre Pierre ajoute : "le monde d'alors
périt, submergé par l'eau" (9). Mais
scientifiquement, on n'a pas retrouvé de traces d'un déluge d'il y a 3 000
ans environ, mais par contre celles de beaucoup d'autres déluges locaux
antérieurs. Nous reviendrons ultérieurement sur ce problème complexe de science
et foi. Diverses expéditions archéologiques ont du reste été organisées vers
le Mont ARARAT pour retrouver l'Arche de Noé, ou des traces
de celle-ci, comme le décrit dans son livre bien connu M. NAVARRA
(10). Après sa lecture, j'ai moi- même participé
à la préparation de l'une d'elles... Et l'astronaute IRWIN a pensé peu après,
en voir des vestiges depuis l'espace. Mais hélas, aucune de toutes ces
expéditions n'en a retrouvé de traces, sinon des morceaux de bois de cabanons,
datant d'après Jésus-Christ.
D'autres livres créationnistes (11), ou des articles
nombreux, ou encore leur site du Québec sur Internet (très actif)
(12), argumentent plus ou moins valablement pour
défendre ces thèses. Ils tentent d'expliquer entre autres les périodes de temps
considérables, mesurées par les géologues, qui ont utilisé les méthodes modernes
de datation : celles de l'apparition des premiers êtres vivants, ou de l'homme
lui-même, par exemple (voir ma Question No 7).
On peut remarquer enfin que si les théories scientifiques sont attaquées avec
violence lorsqu'elles semblent en désaccord avec la Bible, elles sont approuvées
si elles peuvent lui apporter des arguments utiles... (surtout en archéologie).
3. Quelques réponses des scientifiques
En astrophysique, le système Terre-Lune n'est pas particulier;
Charon est une grosse lune de Pluton par ex.; et il existe de nombreuses étoiles
doubles, ou plusieurs lunes autour de nos autres planètes solaires. Pour la
formation du système solaire, on en a maintenant une
parfaite démonstration (accrétion). Reste en suspens la façon dont s'est formée
notre Lune; quatre théories pas encore vraiment démontrées sont proposées
(13). On sait déjà cependant que son âge est
approximativement le même que celui de la Terre (soit 4,56 milliards d'années).
Mais si la Terre et l'Univers n'avaient qu'une dizaine de milliers d'années,
nous ne devrions observer que des objets éloignés d'une dizaine d'années-lumière,
donc toutes les galaxies auraient dû être nées avant... or, les astronomes
observent des objets jusqu'à plus de douze milliards d'années-lumière. Certains
Créationnistes répondent en affirmant que Dieu a dû créer l'Univers avec une
apparence de vieillesse, pour tromper les astronomes... ce qui semble peu probable!
En physique, concernant le second principe de la thermodynamique, il est
interprété de façon erronée par les Créationnistes; son énoncé dit en effet :
"Pour tout système thermodynamiquement isolé, l'entropie produite (le
désordre) ne peut que croître". Or, seul l'Univers dans son ensemble
répond à cette définition, mais la Terre et les êtres vivants ne sont pas des
systèmes thermodynamiquement isolés, car ils échangent continuellement de la
matière et de l'énergie avec l'extérieur, et ce principe ne s'applique donc pas.
Car alors aucune évolution constructive ne serait possible, et la vie elle-même
ne pourrait exister!
Quant aux datations par des méthodes radioactives (voir aussi ma
Question No. 7), tous leurs résultats sont cohérents
(des millions de données!) et démontrent que le système solaire a bien 4,56
milliards d'années et non pas environ 10 000 ans. Pour ce qui en est de
la géologie, il serait bien difficile d'affirmer un âge si court pour nos
stalactites et stalagmites dans les grottes, puisqu'on peut calculer aisément
le temps qu'il faut pour que ces objets grandissent par les dépôts du calcaire
des gouttes d'eau, ce qui représente vite des centaines de milliers d'années...
En paléontologie, les espèces d'hommes découvertes, et aujourd'hui de mieux en
mieux classées, permettent d'affirmer que des hommes existent bel et bien depuis
plus d'un million d'années. Même s'ils n'étaient pas les mêmes que nous, ils s'en
rapprochaient déjà beaucoup physiquement.
En biologie, les Créationnistes en sont restés au fixisme d'avant le 18e
siècle. L'étude moderne des mutations est ignorée, elle qui apporte actuellement
des masses de données, complétant les anciennes. Il est normal que les mutations
atypiques soient en majorité défavorables; seules certaines peuvent devenir utiles.
Depuis qu'on étudie les enzymes par l'électrophorèse, et les mécanismes de l'ADN,
on observe beaucoup de mutations, mais les mutations visibles stables sont
beaucoup plus rares. On connaît pourtant des exemples flagrants, ainsi des mutants
de mouches drosophiles ayant quatre ailes au lieu de deux (etc. etc.). S'il est
vrai que les mutations ne débordent pas le cadre de l'espèce, il est faux de dire
que des milliers de mutations ne puissent franchir l'espace séparant les oiseaux
des reptiles, par exemple.
En zoologie enfin, on peut sincèrement se demander comment certaines espèces
animales auraient trouvé le moyen physique de rejoindre des sites aux antipodes
(Australie - pour le kangourou et d'autres, ou Amérique du Sud - pour l'aï
ou paresseux, et d'autres...). Même s'il avait existé des ponts entre les
continents, il aurait fallu 20 000 ans au moins pour arriver à leur
lieu actuel... et on n'en trouve pas de trace dans l'ancien monde! Et, même tous
les animaux de l'Arche pour se répartir sur le globe auraient mis des temps du
même ordre... Et d'autre part, des traces de nombreux animaux n'existent qu'en
certains endroits du globe, et pas au Proche Orient.
4. Conclusion
Qu'il est difficile de concilier des inconciliables! Dans la
2e partie de cette étude, je vais essayer d'apporter une réponse
moderne - actuelle - à ce problème. Mais voici d'abord quelques approches.
S'il est vrai que des scientifiques ne sont pas neutres, parce que généralement
incroyants ou athées, il existe aussi chez de nombreux chrétiens un totalitarisme
biblique, basé sur d'anciennes théories théologiques, qui auraient bien besoin
d'être révisées, au moins à la lumière des découvertes bien contrôlées de la
science moderne.
Il est aussi à remarquer que beaucoup de croyants ne font pas d'efforts pour
comprendre sérieusement les questions que beaucoup de chercheurs se posent
(parfois douloureusement ) devant ce qu'ils découvrent.
Enfin, il est malhonnête de dire que les scientifiques sont en général des
faussaires. Si quelques-uns le sont, ils sont toujours rapidement dévoilés.
Et les recherches dans de multiples Instituts sont contrôlées et répétées pour
vérification; et chacun est du reste prêt à contredire tout ce qui paraît erroné
dans une publication d'un autre auteur... car on n'est pas tendre entre scientifiques
(incroyants)!
(à suivre...)
Bibliographie citée et notes :
(1) NITSCHELM Christian
http://www.astrosurf.com/nitschelm/creation.html page1. |
(2) GENEY Didier, même référence, page 7. |
(3) PLATEAUX Luc, même référence, page 18. |
(4) MONTENAT, C., PLATEAUX, L. et coll. - Livre : "Pour lire la Création dans l'Évolution" Cerf éd. (1984). |
(5) WHITCOMB Jr, J. C. - Livre : "The World that perished" Baker Bouk House, Grand Rapids Ed., USA (1973). |
(6) La Bible. Livre de Job, chapitre 40, versets 10-19. |
(7) Évangile de Matthieu chapitre 19, verset 4 |
(8) Évangile de Luc chapitre 17, les versets 29 et 32. |
(9) 2e Épître de Pierre chapitre 3, verset 6. |
(10) NAVARRA F. - Livre : "J'ai trouvé l'Arche de Noé"- France Empire Ed. |
(11) FLORI, J. et RASOLOFOMASOANDRO, H. - Livre : "Évolution ou Création". SDT Ed., Dammarie-lès-Lys (1974). |
(12) Site canadien :
http://www.creationnisme.ca/. |
(13) Revue "La Recherche" No 334 (septembre 2000) pages 64-67. |
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